Le mariage des enfants et santé et les droits sexuels et reproductifs
Note d'information explorant les liens entre le mariage des enfants et la santé et les droits sexuels et reproductifs, et les progrès réalisés depuis 1994. Elle comprend des stratégies fondées sur des données probantes, des études de cas de pratiques prometteuses et des recommandations pour répondre au mariage des enfants et garantir que les filles et les femmes - dans toute leur diversité - puissent jouir de leurs droits en matière de santé sexuelle et reproductive.
Les filles mariées, ayant déjà été mariées, enceintes ou mères ont rarement la possibilité d’imposer leurs choix en matière de sexualité et de procréation. Elles ont également des besoins spécifiques auxquels les systèmes de soins de santé, d’éducation et de services sociaux répondent souvent de manière inadéquate [1]
Aujourd’hui, 640 millions de filles et de femmes dans le monde ont été mariées avant l’âge de 18 ans [2] et 12 millions de filles continuent d’être mariées chaque année [3]. Des mesures à l’ampleur du problème s’imposent pour veiller à ce que chaque fille et chaque femme puissent jouir de sa santé et de ses droits sexuels et reproductifs (SDSR)[a] .
Ce que comprend cette note d'information
- Une exploration des liens entre le mariage des enfants et la santé et les droits sexuels et reproductifs, et des progrès réalisés depuis l’historique Conférence internationale de 1994 sur la population et le développement
- Stratégies fondées sur des données probantes pour prévenir le mariage des enfants et promouvoir la santé et les droits sexuels et réproductive des adolescentes.
- Des études de cas présentant des pratiques prometteuses d'organisations membres de Filles, Pas Epouses en Afrique, en Asie, en Amérique latine et dans les Caraïbes.
- Recommandations - validées avec les organisations membres de Filles, Pas Epouses - à l'intention des gouvernements, des organismes des Nations unies, des bailleurs de fonds et des organisations de la société civile.afin de répondre au mariage des enfants et de renforcer le soutien apporté aux adolescentes et aux jeunes en matière de santé et de droits sexuels et reproductifs.
Points principaux
- Le mariage des enfants a pour cause profonde les inégalités de genre et prive les filles et les jeunes femmes de leurs droits fondamentaux, dont leurs droits sexuels et reproductifs, et limite sévèrement leurs choix de vie. Nous pouvons améliorer considérablement la santé et le développement de millions d’enfants, d’adolescentes et de femmes de partout dans le monde en mettant fin au mariage des enfants et en améliorant l’accès à des services de SDSR abordables, de qualité et exempts de stigmatisation.
- Le mariage des enfants est souvent suivi de grossesses précoces et a des effets négatifs sur la santé et le bien-être des adolescentes, des jeunes femmes et de leurs enfants. Il augmente les risques de dépression, de violence conjugale, d’infections sexuellement transmissibles (IST), de cancer du col de l'utérus et de mortalité maternelle. Les bébés nés de mères adolescentes sont plus susceptibles de souffrir d’insuffisance pondérale à la naissance, de naître prématurément et de souffrir de complications néonatales sévères.[4]
- Les adolescentes qui tombent enceintes peuvent être forcées de se marier, surtout dans les contextes où la sexualité avant le mariage est taboue, la virginité est liée aux concepts de pureté et d’honneur familial,[5] les contraceptifs sont rares ou inaccessibles et l’accès à des services d’avortement médicalisés est limité.[6]
- Une approche globale, multisectorielle, fondée sur les droits et promouvant l’égalité des genres – exécutée au moyen de partenariats – s’impose pour veiller à ce que chaque fille soit en mesure de : choisir si, quand et avec qui elle souhaite avoir des relations sexuelles, se marier et avoir des enfants ; exiger des pratiques sexuelles sûres ; avoir accès à des services de SDSR adéquats et de qualité ; et bénéficier d’une meilleure santé sexuelle et reproductive.
- L’objectif « zéro mariage d’enfant » et l’accès universel aux services de santé sexuelle et reproductive d’ici 2030 constituent des engagements pris au niveau mondial.
Remerciements
Cette note a été préparée par Rachael Hongo, Senior Data, Evidence and Policy Officer, Girls Not Brides. Il a été révisé par Emma Sadd, coordinatrice senior pour la gestion des connaissances partagées, Girls Not Brides. Il comprend également des informations précieuses provenant de l'équipe de Filles, Pas Epouses et de ses organisations membres, notamment :
De Filles, Pas Epouses
Emma Pearce, Agente senior - Le mariage des enfants et l'éducation, Filles, Pas Epouses
Georgiana Epure, responsable intérimaire du plaidoyer et des campagnes au niveau mondial, Filles, Pas Epouses
Jacky Repila, conseillère principale en matière de genre, Filles, Pas Epouses
Jean Casey, responsable de la recherche et de l'action humanitaire, Filles, Pas Epouses
Lara van Kouterik, directrice par intérim de l'apprentissage, des donée probantes et de l'impact/chef du partenariat
Sophia Lane, responsable du plaidoyer et des campagnes, Filles, Pas Epouses
Les rganisations membres de Filles, Pas Epouses
Ajay Kumar, Pratigya, Inde
Dorinda Odonghanro, Fondation pour la protection de l'enfance et de la jeunesse, Nigeria
Dushala Adhikari, Centre pour l'agroécologie et le développement, Népal
Jiratudeen Abdur-rashid, Girl Child Concern, Népal
Lydia Hounon Hedwige, Niger
Marcia Jorge Mandlate, Associação Moçambicana para o Desenvolvimento da Família, Mozambique
Noëlie Sinare, l'Association D'appui et d'Eveil Pugsada, Burkina Faso
Rajen Kumar, Sinduartola Gramodaya Vikas Vidyalaya, Inde
Tike Mwambipile, Association des femmes juristes de Tanzanie, Tanzanie
Téléchargements
Sources de données
- [a] Tels que définis par la Commission Guttmacher-Lancet, qui s’appuie sur des accords internationaux et régionaux, des rapports techniques et des lignes directrices. Accelerate progress—sexual and reproductive health and rights for all: report of the Guttmacher–Lancet Commission.
- [b] Le terme « mariage des enfants » englobe ici toutes les formes de mariages et d’unions d’enfants, précoces et forcés, officiels ou non, dont au moins une des parties n’a pas 18 ans.
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- [1] Nanda, P., Tandon, S., & Khanna, A., 2020, "Virtual and essential - adolescent SRHR in the time of COVID-19", Sexual and Reproductive Health Matters, Vol. 28(1) ; Sidibé, S., Grovogui F.M., Kourouma, K., Kolié, D., Camara, B.S., Delamou, A. et Kouanda, S., 2022, "Unmet need for contraception and its associated factors among adolescent and young women in Guinea : A multilevel analysis of the 2018 Demographic and Health Surveys, Front. Glob. Women's Health, Vol. 3 ; et Girls Not Brides, 2021, Soutenir les filles mariées, les mères adolescentes et les filles enceintes.
- [2] UNICEF, 2023, La fin du mariage des enfants est-elle à portée de main ? Dernières tendances et perspectives d'avenir.
- [3] UNICEF, 2022, Base de données mondiale sur le mariage des enfants
- [4] Filles pas mariées, 2019, Le mariage des enfants et la santé et les droits sexuels et reproductifs.
- [5] Kok, M. C., Kakal, T., Kassegne, A. B., Hidayana, I. M., Munthali, A., Menon, J. A., Pires, P., Gitau, T., et van der Kwaak, A., 2023, "Drivers of child marriage in specific settings of Ethiopia, Indonesia, Kenya, Malawi, Mozambique and Zambia - findings from the Yes I Do ! baseline study", BMC public health, Vol. 23(1).
- [6] Billowittz, M., Karim, N., et Watson, K., 2022, La sexualité des filles et les mariages et unions d'enfants, précoces et forcés : A conceptual frameworkTorchlight Collective with the Child, Early and Forced Marriage and Unions and Sexuality Working Group, p.14 ; et Gilda Gondola Sitefane, Esmeralda Mariano, Birgitta Essén, Pia Axemo, Khátia Munguambe, 2024, 'Better taking the risk than a lifetime punishment of early forced marriage' : Young people's perceptions and experiences towards voluntary termination of pregnancy in northern Mozambique, Sexual & Reproductive Healthcare, Vol : 41