Les ministres de l'éducation et de la santé de 21 pays * d'Afrique orientale et australe ont clairement indiqué qu'ils étaient déterminés à mettre fin au mariage des enfants dans la région.
Lors d'une réunion tenue le 7 décembre 2013 à Le Cap, en Afrique du Sud, les ministres se sont engagés à assurer une éducation sexuelle complète et de qualité, ainsi que des services de santé sexuelle et reproductive adaptés aux jeunes, destinés aux jeunes d'Afrique orientale et australe. Pour ce faire, ils se sont fixé 9 objectifs, dont l’élimination du mariage des enfants d’ici 2020.
L'engagement est plus qu'une liste de bonnes intentions. Il décrit un ensemble d'objectifs permettant de mesurer les progrès accomplis en matière d'éducation et de services en matière de santé sexuelle et reproductive pour les jeunes de l'Afrique orientale et australe. Les ministres ont convenu d'examiner et de faire rapport sur cet engagement chaque année lors de sommets régionaux, y compris les sommets de la Communauté de développement de l'Afrique australe et de la Communauté de l'Afrique de l'Est.
Les ministres de l'éducation et de la santé reconnaissent la nature transversale du mariage des enfants
Il est important de noter que l'engagement reconnaît la nature transversale du mariage des enfants et d'autres problèmes affectant les filles, et donc la nécessité pour les ministères de la Santé et de l'Education de travailler ensemble.
Les jeunes mariées abandonnent généralement leurs études, ce qui les empêche de poursuivre leurs études. Elles subissent généralement des pressions pour prouver leur fécondité, ce qui les rend vulnérables aux grossesses précoces et fréquentes, souvent aux conséquences dangereuses. Les filles qui accouchent avant l'âge de 15 ans ont cinq fois plus de risques de mourir en couches que les femmes dans la vingtaine.
L’éducation est l’un des outils les plus puissants pour retarder l’âge auquel les filles se marient. Dans les pays en développement, une fille qui suit un enseignement supérieur ou égal à sept ans se marie en moyenne quatre ans plus tard. L'amélioration de l'accès des filles à un enseignement de qualité, y compris à l'enseignement secondaire, constituera un élément essentiel des efforts visant à mettre fin au mariage des enfants.
De même, les ministères de la santé peuvent faire beaucoup pour aider les enfants mariées et les adolescentes non mariées, notamment en leur fournissant des informations et des services de santé sexuelle et reproductive adaptés aux jeunes, afin de leur permettre de connaître leur corps, leurs droits et de les aider à décider quand, si combien d'enfants avoir.
Les ministres s'engagent à revoir les lois sur l'âge du consentement; possibilité de revoir les lois sur l'âge minimum du mariage
Les ministres ont reconnu la responsabilité de l'État dans la lutte contre toutes les formes de discrimination et les violations des droits, y compris le mariage d'enfants. Dans ce cadre, ils se sont engagés à «revoir et modifier si nécessaire les lois et politiques en vigueur concernant l'âge de consentement, la protection des enfants et les codes de conduite des enseignants […]».
Un tel engagement constitue une partie importante des efforts visant à lutter contre le mariage des enfants. Il est important que l'âge minimum du mariage soit supérieur à l'âge minimum du consentement sexuel, car la stigmatisation qui entoure les relations sexuelles dans de nombreux domaines signifie que les relations sexuelles sont généralement une condition préalable au mariage.
Comme l’a constaté le Forum sur la politique de l’enfant en Afrique, il existe un écart entre l’âge minimum du mariage et celui du consentement dans de nombreux pays africains. Au Malawi, par exemple, le Code pénal interdit les relations sexuelles avec un enfant de moins de 16 ans, tandis qu'en vertu de la Constitution, un enfant de 15 ans est autorisé à se marier avec le consentement d'un parent ou d'un tuteur. L'engagement des ministres à revoir les lois relatives à l'âge du consentement offre la possibilité de revoir celles qui concernent l'âge minimum du mariage.
Mariage d'enfants en Afrique orientale et australe
L'Afrique orientale et australe abrite cinq des vingt pays du monde où le taux de mariage d'enfants est élevé. Selon le rapport 2013 de l'UNICEF intitulé La situation des enfants dans le monde 2013, 56% des filles au Mozambique sont mariées avant l'âge de 18 ans, ce qui signifie que le Mozambique affiche le sixième taux de mariage d'enfants le plus élevé au monde. Au Malawi, une fille sur deux est mariée comme un enfant.
* Les pays qui ont affirmé l'engagement comprenaient:
Angola, Botswana, Burundi, République démocratique du Congo, Éthiopie, Kenya, Lesotho, Madagascar, Malawi, Maurice, Mozambique, Namibie, Rwanda, Seychelles, Afrique du Sud, Soudan du Sud, Swaziland, Ouganda, République-Unie de Tanzanie, Zambie, Zimbabwe.
Téléchargez le document d'engagement ministériel.