Le changement doit venir de l’intérieur: des militants d’Afrique de l’Ouest parlent du développement mené par les communautés
Photo: Tostan
En Novembre 2016, Filles, Pas Epouses a parrainé quatre membres basés en Afrique de l’Ouest pour apprendre de l’approche de Tostan sur l’autonomisation des communautés. Tostan travaille dans six pays de la région et utilise les droits humains pour aider les communautés à développer leur propre vision du développement et à mettre fin à certaines pratiques néfastes telles que l’excision et le mariage des enfants.
Ont assisté à la formation Sali, Roseline, Diénabou et Mayi, du Cameroun, de la Côte d’Ivoire, du sud du Sénégal et du Togo. Ils nous disent ce qu’ils ont appris.
“Pour changer les normes sociales, il faut être très attentif à travailler avec tous les groupes et à s’adapter à chacun d’entre eux”
Nos quatre participants ont rencontré le chef et imam d’un village qui a participé au programme de Tostan pendant trois ans. Pour changer la façon dont les communautés voient des pratiques comme le mariage entre les enfants et l’excision, leur a-t-il expliqué, nous devons impliquer tout le monde, y compris ceux qui sont opposés au changement.
Roseline explique: « Il est important de travailler avec les gens qui se posent en obstacle, parce qu’une fois que vous avez leur soutien, il est beaucoup plus facile de dialoguer avec toute la population.
Impliquer les proches dans d’autres villages est tout aussi important. Nous faisons tous partie de réseaux sociaux qui sont porteurs d’attentes et influencent nos comportements, ont expliqué nos membres. Ainsi, « pour changer des normes sociales néfastes et mettre fin au mariage des enfants, nous devons travailler avec l’ensemble du réseau social. »
Bien sûr, travailler avec différents groupes de personnes nous demande de faire preuve de souplesse et de considérer des aspects tels que le sexe, l’âge, les contextes locaux et culturels dans nos démarches. Le chef du village a expliqué: “Il n’y a pas de stratégie qui soit mise en place pour aborder le mariage des enfants. Vous devez être en mesure de s’adapter à la population. ”
“Nous ne devrions pas imposer mais plutôt dialoguer avec les gens”
Ne pas utiliser d’approches top-down a été un apprentissage clé pour Diénabou qui travaille avec les communautés rurales du sud du Sénégal. Après dix jours de formation combinant théorie et pratique, Diénabou nous a expliqué qu’écouter et comprendre les communautés faisait partie du processus de changement social.
Cela a également fait écho avec Mayi et Sali, qui promeuvent les droits des femmes et des filles au Cameroun et au Togo. « Pour être en mesure d’attendre des résultats positifs et de réussir dans nos activités, nous devons prendre en compte les besoins des communautés et travailler ensemble avec elles. »
Choisir les bons mots compte tout autant. Tostan utilise un vocabulaire positif. Ils évitent de blâmer les gens pour leurs actions et s’attachent à comprendre les valeurs qui se cachent derrière ces pratiques. Ils utilisent des canaux que les gens connaissent (théâtre, poèmes, images, etc.) pour parler, dans la langue locale, de questions sensibles.
« Lorsque je suis revenue de la formation, ma vision et mon approche du travail sur le terrain avaient changé »
De retour en Côte d’Ivoire, la vision de Roseline a changé. « Avant, je me serais plutôt assise au bureau pour concevoir un programme. En tant que professionnels, nous utilisons parfois des méthodes qui ne sont pas suffisamment participatives. Après la formation au Sénégal, j’ai réalisé que les pratiques néfastes sont basées sur des valeurs qui sont importantes pour les communautés avec lesquelles nous travaillons. Tout doit partir des communautés. Si nous réussissions à relever ce défi, nous nous rendrons compte que les communautés peuvent éveiller leur propre conscience et dès lors, nous serons vraiment en mesure de les accompagner.
De retour dans leur pays d’origine, Mayi, Sali et Diénabou organiseront des ateliers pour partager ce qu’ils ont appris avec d’autres organisations. Pour Mayi, « un tel modèle de changement, où les communautés sont au centre, vaut vraiment la peine d’être expérimenté au Togo».
Chez Filles, Pas Epouses, nous sont convaincu(e)s que nous sommes plus efficaces lorsque nous travaillons ensemble. Des échanges comme ceux-ci permettront à nos membres d’établir des liens entre eux, de susciter des collaborations et de reproduire des idées prometteuses à travers l’Afrique de l’Ouest.
Dans le temps qu'il faudra pour lire cet article, 44 filles de moins de 18 ans ont été mariées.
Chaque année, 12 millions de filles sont mariées avant l’âge de 18 ans.
Julie Rialet is Research & Policy Assistant at Girls Not Brides. Julie works within the Learning Team to conduct research, highlight solutions to address child marriage and support members to learn from each other.
Nous utilisons des cookies pour vous offrir une meilleure expérience en ligne et pour des raisons de marketing.