Albanie

En Albanie, 12 % des filles se marient avant l'âge de 18 ans et 1 % avant l'âge de 15 ans.

En Albanie, 1 % des garçons se marient avant l'âge de 18 ans.

Les études disponibles indiquent que les mariages d'enfants sont plus fréquents chez les Roms, chez les Égyptiens vivant dans des communautés séparées, et dans les zones pauvres, isolées et rurales.

De nombreux mariages impliquant des enfants ne sont pas enregistrés, ce qui rend difficile l'obtention de données statistiques précises. Le mariage des enfants reste un domaine peu étudié en Albanie et les informations disponibles sont limitées.

Le mariage d'enfants est motivé par l'inégalité entre les sexes et la croyance que les femmes et les filles sont en quelque sorte inférieures aux hommes et aux garçons.

En Albanie, le mariage des enfants est également motivé par :

Niveau d'éducation: Selon l'Albanian Children's Alliance, de nombreuses filles des communautés isolées et montagneuses abandonnent l' école vers l'âge de 12-13 ans pour se consacrer aux travaux domestiques et se préparer au mariage. Certains parents ne voient pas d'autre avenir pour leurs filles que celui d'épouse, de ménagère et de mère.

La pauvreté: Les filles des ménages les plus pauvres se marient plus tôt. Certaines familles pauvres des zones rurales continuent de marier leurs filles afin d'obtenir la dot et d'alléger les pressions financières à la maison.

Exclusion sociale: Au sein de la communauté rom, une majorité d'enfants est confrontée à la marginalisation sociale car ils n'ont pas de documents d'identité, n'ont qu'un accès limité aux services sociaux et présentent des taux élevés d'abandon scolaire et de chômage. Ces enfants sont en outre contraints de vivre dans des foyers surpeuplés, ce qui pousse les jeunes filles à considérer le mariage comme une option viable.

L'ethnicité: Le Comité CEDAW a signalé que le mariage d'enfants est particulièrement persistant parmi les communautés roms et égyptiennes en Albanie. Selon un rapport de 2018, de nombreux membres des communautés roms estiment que le mariage d'enfants est une tradition bien ancrée dans leurs communautés.

Honneur de la famille: certains parents marient leurs filles lorsqu'elles atteignent la puberté afin d'éviter les relations sexuelles pré-maritales et d'éviter de jeter l'opprobre sur la famille. La croyance en l'importance de l'honneur est particulièrement forte chez les Roms d'Albanie. Cela s'explique souvent par les conceptions traditionnelles de la sexualité des femmes et du rôle qu'elles sont censées jouer dans la société.

Pression sociale: dans les communautés roms et certaines communautés albanaises isolées dans les montagnes, la pression exercée sur les filles et les jeunes femmes pour qu'elles se marient jeunes afin de ne pas être considérées comme des "laissées pour compte" est très forte. Souvent, les filles n'ont guère leur mot à dire dans les décisions qui concernent leur vie. Au sein de certaines communautés, il existe un préjugé sexiste qui fait que les familles accordent peu d'importance à l'éducation des filles.

Dynamique du pouvoir: Les mariages d'enfants, y compris le choix du mari, sont souvent décidés par le père de la jeune fille.

L'Albanie s'est engagée à mettre fin aux mariages d'enfants, aux mariages précoces et aux mariages forcés d'ici 2030, conformément à la cible 5.3 des objectifs de développement durable.

Le gouvernement n'a pas soumis d'examen national volontaire depuis 2018.

L'Albanie a coparrainé les résolutions suivantes du Conseil des droits de l'homme : la résolution procédurale de 2013 sur la MEFC, la résolution de 2015 visant à mettre fin au mariage d'enfants, précoce et forcé, reconnaissant qu'il s'agit d'une violation des droits de l'homme, la résolution de 2017 sur la reconnaissance de la nécessité de traiter la MEFC dans les contextes humanitaires, et la résolution de 2019 sur les conséquences du mariage d'enfants, la résolution de 2021 sur le mariage d'enfants, précoce et forcé en temps de crise, y compris la pandémie de COVID-19, et la résolution de 2023 sur l'élimination et la prévention du mariage forcé. En 2014, l'Albanie a également signé une déclaration commune au Conseil des droits de l'homme appelant à une résolution sur le mariage des enfants.

L'Albanie a coparrainé les résolutions 2013, 2014, 2016, 2018, 2020 et 2022 de l'Assemblée générale des Nations unies sur le mariage des enfants, le mariage précoce et le mariage forcé.

L'Albanie a ratifié la Convention sur les droits de l'enfant en 1992, que le Comité des droits de l'enfant a interprétée pour recommander l'établissement d'un âge minimum du mariage de 18 ans, et a adhéré à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW) en 1994, qui oblige les États à garantir le libre et plein consentement au mariage.

Lors de son examen en 2023, le Comité des droits de l'enfant des Nations Unies s'est dit préoccupé par la persistance des mariages d'enfants qui touchent particulièrement les filles issues de groupes minoritaires tels que les filles des communautés roms et égyptiennes. Le Comité a recommandé au gouvernement de former les officiers de justice à l'application des principes de l'intérêt supérieur dans les cas de suspicion de mariage d'enfants, et de mettre en place des programmes de protection pour les victimes de mariage d'enfants qui déposent plainte.

Lors de son examen en 2023, le Comité CEDAW a exprimé des préoccupations similaires à celles du Comité des droits de l'enfant des Nations unies. Le Comité a recommandé au gouvernement de supprimer toutes les exceptions à l'âge minimum légal du mariage de 18 ans et de s'attaquer aux causes profondes du mariage des enfants. Le Comité a recommandé au gouvernement d'encourager le signalement des cas de mariage d'enfants et de punir les personnes qui se rendent complices de ces mariages.

Lors de son examen en 2016, le Comité CEDAW s'est dit préoccupé par la persistance des mariages d'enfants, en particulier au sein des communautés rom et égyptienne, par le fait que les familles choisissent leurs maris et par le paiement de la dot dans les zones rurales reculées. Il a recommandé au gouvernement d'interdire strictement le mariage des enfants et de sensibiliser les enfants, les parents, les chefs communautaires et religieux à l'impact néfaste qu'il a sur la santé et le développement des filles.

Lors de son examen périodique universel de 2019, l'Albanie a accepté de revoir les recommandations visant à renforcer les efforts pour prévenir et combattre les mariages d'enfants, les mariages précoces et les mariages forcés, et à interdire strictement les mariages d'enfants.

L'Albanie a ratifié la Convention du Conseil de l'Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique (connue sous le nom de Convention d'Istanbul), qui considère le mariage forcé comme une forme grave de violence à l'égard des femmes et des filles, et qui oblige légalement les États parties à criminaliser le fait de forcer intentionnellement un adulte ou un enfant à se marier.

En 2019, lors du sommet de Nairobi sur la CIPD25, l'Albanie s'est engagée à modifier l'âge légal du mariage pour le porter à 18 ans au moins d'ici à 2021.

Bien que le problème du mariage des enfants soit répandu en Albanie, il n'est pas suffisamment signalé. Il existe des lois qui protègent les enfants du mariage, mais ces lois sont inefficaces, appliquées de manière incohérente et il n'existe pas de politique publique pour lutter contre le mariage des enfants dans le pays.

Les ONG et les agences gouvernementales albanaises n'ont pas abordé directement la question du mariage des enfants dans le cadre de leurs activités de plaidoyer. Cela s'explique en partie par le manque de données statistiques précises et par le fait que l'on suppose que les questions du travail des enfants, de la protection contre la violence et des taux d'abandon scolaire constituent les principaux risques pour les enfants.

Plus récemment, en novembre 2019, le gouvernement a reconnu la nécessité de mieux comprendre la situation du mariage des enfants dans le pays, en particulier au sein de la communauté rom, et de mettre en place des mécanismes de suivi et de réponse.

En vertu de l'article 7 du code de la famille albanais de 2003, un mariage peut être célébré entre un homme et une femme âgés de 18 ans ou plus.

L'article 8 du code de la famille albanais de 2003 stipule que le tribunal du lieu où le mariage doit avoir lieu peut, pour des raisons suffisantes, autoriser le mariage avant cet âge et que cette décision est prise au cas par cas. Aucun âge minimum pour le mariage n'est spécifié dans le cadre de cette exception. Toutefois, dans le passé, les tribunaux ont autorisé le mariage de jeunes filles de moins de 18 ans lorsqu'elles étaient enceintes ou vivaient en concubinage.

Selon le code pénal albanais de 1995, l'âge du consentement sexuel est de 14 ans. Toute activité sexuelle avant l'âge de 14 ans est considérée comme un détournement de mineur. Cette loi est renforcée par l'article 130 du code pénal, qui interdit strictement le mariage forcé.