Guinée

En Guinée, 47% des filles se marient avant l'âge de 18 ans et 17% avant l'âge de 15 ans.

2% des garçons guinéens se marient avant l'âge de 18 ans.

Le mariage des enfants est le plus répandu à Labé (où 76% des femmes âgées de 20 à 49 ans ont été mariées avant l'âge de 18 ans), en Moyenne Guinée(72%), à Kankan et en Haute Guinée(69%), à Mamou(68%) et à Faranah(65%).

Le mariage d'enfants est motivé par l'inégalité entre les sexes et la croyance que les femmes et les filles sont en quelque sorte inférieures aux hommes et aux garçons.

En Guinée, le mariage des enfants est exacerbé par :

● La pauvreté: Plus de 50 % de la population guinéenne vit en dessous du seuil de pauvreté. Des centaines de milliers de réfugiés du Liberia et de la Sierra Leone ont exercé une pression supplémentaire sur son économie en difficulté, et la crise d'Ebola en 2014 a encore affaibli des services publics fragiles. Dans ce contexte, certaines filles sont mariées pour survivre, en particulier dans les zones rurales où les taux de mariage d'enfants sont deux fois plus élevés que dans les zones urbaines.

● Le niveau d'éducation : 63 % des femmes sans instruction ont été mariées avant l'âge de 18 ans, contre seulement 26 % de celles qui ont suivi un enseignement secondaire ou supérieur.

● Pratiques néfastes : Le mariage d'enfants est particulièrement répandu parmi les groupes ethniques Fulani, Malinke et Susu et les Guinéens des forêts, où des croyances de longue date concernant l'âge auquel une fille est prête à se marier sont transmises d'une génération à l'autre.

● Les mutilations génitales féminines et l'excision (MGF/E) : Selon les données de l'UNICEF, 95 % des femmes et des filles guinéennes ont subi des mutilations génitales féminines et l'excision, qui sont liées à une volonté de contrôler la sexualité féminine et de préparer les filles au mariage.

● La polygamie: En Guinée, le mariage est considéré comme une union formelle de deux familles plutôt que comme un choix entre un homme et une femme. Un statut élevé est attaché aux hommes qui ont plusieurs jeunes épouses et, selon les données MICS de 2017, plus de 35 % des filles guinéennes âgées de 15 à 19 ans sont dans des unions polygames.

● La religion: L'islam et le christianisme sont tous deux considérés comme justifiant les récits de domination sexuelle patriarcale en Guinée, ce qui peut déresponsabiliser les filles et limiter leur rôle à celui d'une épouse et d'une mère.

● Les relations sexuelles avant le mariage : Le mariage a souvent lieu peu après la puberté de la jeune fille, dans une tentative des familles de contrôler la sexualité des filles et d'empêcher les grossesses hors mariage.

Grossesse des adolescentes : 37% des femmes guinéennes âgées de 20 à 24 ans ont eu leur premier enfant avant l'âge de 18 ans.

La Guinée s'est engagée à mettre fin aux mariages d'enfants, aux mariages précoces et aux mariages forcés d'ici 2030, conformément à la cible 5.3 des Objectifs de développement durable.

La Guinée a fait état des progrès réalisés pour lutter contre le mariage des enfants dans son examen national volontaire de 2018 lors du Forum politique de haut niveau, le mécanisme par lequel les pays rendent compte des progrès accomplis dans la mise en œuvre des Objectifs de développement durable. Le gouvernement n'a pas présenté d'examen national volontaire dans le cadre d'un forum politique de haut niveau depuis 2018.

La Guinée a coparrainé les résolutions suivantes du Conseil des droits de l'homme : la résolution procédurale de 2013 sur le mariage des enfants, le mariage précoce et le mariage forcé, et la résolution de 2017 sur la reconnaissance de la nécessité de lutter contre le mariage des enfants, le mariage précoce et le mariage forcé dans les contextes humanitaires. En 2014, la Guinée a également signé une déclaration conjointe au Conseil des droits de l'homme appelant à une résolution sur le mariage des enfants.

La Guinée a coparrainé les résolutions 2013, 2014, 2016, 2018 et 2020 de l'Assemblée générale des Nations unies sur le mariage des enfants, le mariage précoce et le mariage forcé.

La Guinée a adhéré à la Convention relative aux droits de l'enfant en 1990, que le Comité des droits de l'enfant a interprétée pour recommander l'établissement d'un âge minimum du mariage de 18 ans, et a ratifié la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW) en 1982, qui oblige les États à garantir le libre et plein consentement au mariage.

En 2019, le Comité des droits de l'enfant des Nations unies a exprimé ses préoccupations concernant la prévalence du mariage d'enfants en Guinée, l'impunité des auteurs de ces actes et l'insuffisance des systèmes de protection mis à la disposition des enfants. Le Comité a exhorté le pays à prendre des mesures actives pour mettre fin au mariage des enfants.

Lors de son examen périodique universel de 2015, la Guinée a accepté d'examiner les recommandations visant à mener des campagnes d'éducation et de sensibilisation pour faire appliquer la législation existante sur le mariage des enfants, et à prendre des mesures préventives pour protéger les filles des zones rurales contre le mariage.

En 2017, la Guinée est devenue le 21e pays à lancer la campagne de l'Union africaine pour mettre fin au mariage des enfants en Afrique.

En 1999, la Guinée a ratifié la Charte africaine des droits et du bien-être de l'enfant, y compris l'article 21 concernant l'interdiction du mariage des enfants.

En 2012, la Guinée a ratifié le protocole à la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique, dont l'article 6 fixe l'âge minimum du mariage à 18 ans.

En tant que membre de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), la Guinée a adopté en 2017 le Cadre stratégique pour le renforcement des systèmes nationaux de protection de l'enfance, en vertu duquel la protection des enfants contre le mariage est une priorité. En juin 2019, les chefs d'État de la CEDEAO ont approuvé la politique de l'enfant et le plan d'action stratégique de la CEDEAO, ainsi que la feuille de route 2019-2030 sur la prévention et la réponse au mariage des enfants.

En outre, en juillet 2019, les Premières Dames de la CEDEAO ont signé la "Déclaration de Niamey : Appel à mettre fin au mariage des enfants et à promouvoir l'éducation et l'autonomisation des filles", appelant les États membres à engager des réformes législatives, institutionnelles et budgétaires pour mettre en œuvre la feuille de route.

Lors du London Girl Summit en juillet 2014, le gouvernement a signé une charte dans laquelle il s'engage à mettre fin au mariage des enfants d'ici 2020.

La Guinée est un pays partenaire du Partenariat mondial pour l'éducation (PME).

En juin 2017, le ministère de l'Action sociale, du Genre et de l'Enfance a annoncé que le gouvernement mènerait une étude sur le mariage des enfants, élaborerait un plan d'action quinquennal pour mettre fin au mariage des enfants, réviserait la politique nationale de l'enfance et réviserait le code de l'enfance.

En janvier 2017, 106 communautés ont déclaré publiquement l'abandon des mutilations génitales féminines et du mariage des enfants. La déclaration a été accueillie par le ministre de l'Action sociale, du Genre et de l'Enfance, le gouvernement de la région administrative de Faranah et d'autres autorités locales.

La ministre guinéenne de l'Action sociale, de la Promotion féminine et de l'Enfance a animé une session sur le rôle des dialogues multipartites dans la définition d'une vision commune pour mettre fin au mariage des enfants en Afrique de l'Ouest et du Centre lors de la réunion de haut niveau 2017 sur l'élimination du mariage des enfants.

Le Club des jeunes filles leaders de Guinée organise régulièrement des débats et des campagnes pour enseigner aux filles ce qu'implique le mariage.

Selon le Code de l'enfant guinéen de 2008, l'âge minimum légal du mariage est de 18 ans. Toutefois, le président de la Guinée, à la demande du ministre de la Justice, peut autoriser des personnes à se marier avant 18 ans pour des "raisons sérieuses" et avec le consentement des parents.