Malaisie

Il n'existe pas de données gouvernementales accessibles au public sur le mariage des enfants en Malaisie.

Les données disponibles sont irrégulières et incohérentes :

En 2016, le ministre des femmes, de la famille et du développement communautaire (KPWKM) a révélé qu 'un total de 9061 mariages d'enfants avaient été enregistrés entre 2010 et 2015, ce qui inclut les mariages musulmans et non musulmans.

Le recensement de la population et du logement de 2010 a montré qu'un total de 80 195 filles et 72 640 garçons âgés de 15 à 19 ans étaient mariés. Le recensement de 2000 a révélé que le mariage d'enfants est plus répandu parmi les filles malaises et bumiputera.

L'ampleur réelle des mariages d'enfants en Malaisie n'est pas connue. Selon les ONG, les autorités cachent délibérément des informations au public. En outre, de nombreux couples qui participent à des mariages religieux ou coutumiers n'enregistrent pas leur union, ce qui rend plus difficile l'établissement d'un rapport sur l'ampleur des mariages d'enfants en Malaisie.

Le mariage d'enfants est motivé par l'inégalité entre les sexes et la croyance que les filles sont en quelque sorte inférieures aux garçons.

En Malaisie, le mariage des enfants est également motivé par :

● La pauvreté: De nombreuses familles décident de marier leurs filles pour survivre économiquement, notamment lorsqu'elles ne sont pas en mesure de poursuivre l'éducation de leur enfant.

● Les attitudes traditionnelles : Il existe des perspectives conservatrices sur les thèmes du sexe et de la sexualité, tant chez les musulmans que chez les non-musulmans de Malaisie. Le mariage des enfants est parfois considéré comme une mesure préventive et punitive contre "l'inconvenance sexuelle", les relations sexuelles avant le mariage et les enfants nés hors mariage, en particulier pour les filles dont la virginité est très appréciée comme marqueur de leur dignité. Sous le coup de la suspicion, de nombreux parents marient leurs enfants. De plus, la peur des poursuites, le manque d'information sur la santé sexuelle et reproductive et la pression sociale poussent les jeunes à se marier.

● La violence à l'encontre des filles : De nombreuses filles sont contraintes d'épouser des hommes qui les ont agressées sexuellement afin que les auteurs puissent éviter des poursuites pénales - bien souvent en prenant la fille comme seconde épouse. Parfois, les agresseurs offrent de l'argent aux parents de la jeune fille en échange de leur autorisation de mariage. Cette pratique est particulièrement courante dans les communautés les plus pauvres, où 5000 ringgit sont le "prix courant" pour les enfants mariées. Le mariage est également considéré comme un moyen de protéger l'honneur de la famille.

● Traite des êtres humains: Selon certaines informations, la Malaisie serait un pays de destination pour la traite des femmes et des jeunes filles, à savoir des Rohingyas bangladaises et birmanes, à des fins d'exploitation sexuelle et de mariage forcé.

La Malaisie s'est engagée à mettre fin aux mariages d'enfants, aux mariages précoces et aux mariages forcés d'ici 2030, conformément à la cible 5.3 des objectifs de développement durable.

Le gouvernement n'a pas fourni d'informations actualisées sur les progrès accomplis dans la réalisation de cet objectif lors de son examen national volontaire dans le cadre du Forum politique de haut niveau de 2021. Le gouvernement n'a pas présenté d'examen national volontaire lors d'un forum politique de haut niveau depuis 2021.

La Malaisie a adhéré à la Convention relative aux droits de l'enfant en 1995, que le Comité des droits de l'enfant a interprétée comme recommandant l'établissement d'un âge minimum du mariage de 18 ans, et a adhéré à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW) en 1995, qui oblige les États à garantir le libre et plein consentement au mariage. La Malaisie a émis une réserve générale à la CEDAW, déclarant que son adhésion était subordonnée à la condition que les dispositions de la Convention n'entrent pas en conflit avec les dispositions de la charia islamique et de la Constitution de la Malaisie. Elle a également formulé des réserves spécifiques aux paragraphes de l'article 16, sur le droit au mariage.

En 2018, le Comité CEDAW a recommandé à la Malaisie de relever l'âge minimum du mariage à 18 ans pour les femmes et les hommes, pour les mariages civils et musulmans, et d'exiger le plein consentement des femmes pour tout mariage.

Lors de l'examen périodique universel de 2024, il a été indiqué que le gouvernement était en train d'élaborer une politique nationale et un plan d'action sur les enfants qui couvriront les questions du mariage des enfants, de l'exploitation des enfants, du changement climatique, de la protection des enfants en ligne, de l'intimidation, de la santé mentale et de la justice pour mineurs.

Lors de ses examens périodiques universels de 2013 et 2018, la Malaisie a accepté d'examiner les recommandations visant à fixer l'âge légal du mariage à 18 ans sans exception, de prendre des mesures pour répondre aux tendances en matière de mariages précoces, forcés et d'enfants, et d'adopter des mesures appropriées pour prévenir et décourager cette pratique.

La Malaisie s'est engagée à respecter la déclaration de l'ANASE sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes et de la violence à l'égard des enfants (2013), qui reconnaît l'importance de renforcer les efforts de l'ANASE pour protéger les enfants contre toutes les formes de violence, y compris les mariages précoces.

En août 2023, dans la vallée de Klang, avec le soutien de l'Association des femmes juristes de Selangor et des territoires fédéraux (AWL), la coalition Pelajar Bukan Pengantin a lancé le Larangkan Perkahwinan Kanak-kanak (Levez la main si vous pensez que les enfants ne devraient pas être mariés). Cette campagne a été placée sur des panneaux d'affichage afin de sensibiliser la population à la prévalence du mariage des enfants.

Depuis que des rapports faisant état d'hommes épousant des mineures ont suscité des protestations généralisées, le mariage d'enfants est devenu un sujet controversé en Malaisie. De nombreuses parties prenantes, y compris les autorités gouvernementales, ne considèrent pas le mariage d'enfants comme une violation des droits de l'homme. Les déclarations des chefs religieux et des hommes politiques en faveur du mariage d'enfants contribuent à légitimer cette pratique.

En janvier 2020, un plan stratégique national quinquennal visant à s'attaquer aux causes du mariage des mineurs a été lancé. Ce plan stratégique national vise à s'attaquer aux principales causes du mariage des enfants par les moyens suivants :

● Les changements politiques et juridiques visant à modifier les lois pertinentes.

● La mise en œuvre de programmes et d'activités de sensibilisation, y compris le renforcement des programmes socio-économiques existants.

● Fournir des services de santé génésique conviviaux aux enfants et aux adolescents.

● Offrir un enseignement et une formation techniques professionnels.

En 2018, le nouveau gouvernement malaisien a déclaré qu'il était en train de rédiger un projet de loi visant à interdire les mariages d'enfants dans le pays. En 2018, le Premier ministre Mahathir Mohammad a également adressé une directive à toutes les autorités des États, fixant l'âge minimum légal du mariage à 18 ans pour les musulmans et les non-musulmans. Depuis janvier 2020, Selangor a relevé l'âge minimum du mariage et quatre autres États ont déclaré qu'ils feraient de même (Penang, Sabah, Johor, Melaka et Perak). Toutefois, le gouvernement fédéral ne peut pas appliquer l'interdiction des mariages d'enfants à l'échelle nationale, car sept États ne sont pas d'accord avec la proposition.

En avril 2016, la Malaisie a manqué l' occasion d'interdire tous les mariages avant l'âge de 18 ans, quelle que soit la confession, car la Chambre basse du Parlement a modifié la loi sur l'enfance de 2000 sans supprimer les exceptions légales autorisant le mariage avant 18 ans.

En 2013, le gouvernement malaisien a créé un groupe de travail sur le mariage des enfants sous l'égide du Conseil de coordination pour la protection de l'enfance. Ce groupe de travail est composé d'agences gouvernementales, d'universitaires et de militants des droits de l'enfant. Depuis lors, le groupe de travail a proposé plusieurs actions. Cependant, le seul progrès signalé est l'élaboration par le Département de la magistrature de la charia d'une procédure standard permettant aux juges d'évaluer les demandes de mariage d'enfants. En 2018, la Commission des droits de l'homme de Malaisie a rejeté cette procédure, estimant qu'elle ne ferait que perpétuer la pratique du mariage d'enfants, sans y remédier.

En 2014, le Conseil national de la fatwa a publié une fatwa déclarant que le mariage des enfants n'est ni wajib (obligatoire) ni sunnah (encouragé) et qu'il ne s'agit pas d'une pratique saine, mais ne l'a pas qualifié de haram (interdit).

La Malaisie possède un double système juridique, ce qui signifie que l'âge minimum du mariage est déterminé soit par le droit civil, soit par la charia (loi islamique) :

● Pour les musulmans, l'âge minimum du mariage est de 16 ans pour les filles et de 18 ans pour les garçons. En dessous de cet âge minimum, un tribunal de la charia doit accorder une autorisation, comme le prévoit la loi de 1984 sur le droit islamique de la famille (territoires fédéraux).

● Pour les non-musulmans (liés par le droit civil), l'âge minimum du mariage est de 18 ans. Les garçons et les filles âgés de 18 à 20 ans doivent obtenir le consentement de leurs parents pour se marier. En outre, les filles âgées de 16 ans peuvent être mariées dans divers États à condition qu'elles ou leurs parents aient l'autorisation du ministre en chef de l'État, conformément à la loi de 1976 sur la réforme du droit (mariage et divorce).

Il semblerait qu'il soit très facile pour les jeunes d' obtenir l' autorisation de se marier auprès du tribunal de la charia et du ministre principal.