Timor-Leste

Au Timor-Leste, 15 % des filles se marient avant leur 18e anniversaire et 3 % avant l'âge de 15 ans.

Au Timor-Leste, 1 % des garçons se marient avant l'âge de 18 ans.

Les unions de fait et les mariages traditionnels non enregistrés sont courants au Timor-Oriental, ce qui signifie que la prévalence des mariages d'enfants pourrait être plus élevée en raison de leur nature informelle et non déclarée.

Le mariage d'enfants est motivé par l'inégalité entre les sexes et la croyance que les femmes et les filles sont en quelque sorte inférieures aux hommes et aux garçons.

Au Timor-Leste, le mariage des enfants est également motivé par :

● La pauvreté: Certaines familles forceraient leurs filles à épouser des garçons choisis par elles ou à les marier parce que la dot a déjà été payée. Il s'agit parfois de répondre à des obligations financières et les filles sont traitées comme des marchandises dans le cadre d'une transaction.

● Le niveau d'éducation : Les filles qui quittent l'école prématurément sont généralement considérées comme " éligibles " au mariage, quel que soit leur âge.

● Des pratiques néfastes : Le concept de mariage au Timor-Leste est plus fluide que dans d'autres contextes. Les mariages d'enfants prennent la forme de mariages traditionnels(kaben adat) et de mariages religieux(kaben igreja), et la pratique du barlake (mariage basé sur le prix de la fiancée, reconnu dans le code civil) a joué un rôle important dans les mariages arrangés de filles en échange d'un paiement.

● La grossesse chez les adolescentes : Un rapport de Plan de 2017 montre que lorsque certaines jeunes filles tombent enceintes, elles se marient peu de temps après. Compte tenu des attitudes catholiques conservatrices à l'égard de la sexualité dans les communautés timoraises, de nombreuses filles sont discrètement encouragées à "réparer" la grossesse par le mariage avant que les voisins ne l'apprennent. Les stratégies de prévention des grossesses chez les adolescentes se sont concentrées sur le contrôle des mouvements des jeunes filles et sur la préservation de leur "innocence". Le FNUAP estime que les communautés timoraises n'ont pas besoin d'être convaincues des conséquences négatives du mariage des enfants, mais qu'elles ont plutôt besoin d'aide pour élaborer des stratégies efficaces de promotion de la contraception et de la santé sexuelle et génésique chez les adolescents.

● L 'honneur de la famille et la pression sociale : certaines filles seraient contraintes au mariage par leur mère lorsqu'il devient temps d'" officialiser " leurs relations avec leurs petits amis. Dans une étude de 2017, une jeune fille a rapporté que cela impliquait d'être enfermée dans une pièce et d'être forcée à avoir des relations sexuelles afin de prouver la solidité de la relation.

● Le mariage à l'initiative de l'intéressée: Dans une étude de 2017, des filles ont déclaré avoir choisi de se marier pour échapper à des situations de violence et de forte pression à la maison ou pour améliorer leur qualité de vie.

Le Timor-Leste s'est engagé à mettre fin aux mariages d'enfants, aux mariages précoces et aux mariages forcés d'ici 2030, conformément à la cible 5.3 des Objectifs de développement durable.

Le gouvernement a présenté un examen national volontaire lors du forum politique de haut niveau de 2023. Dans cet examen, le gouvernement a reconnu l'importance de l'éducation des filles et de la mise en place d'installations tenant compte des spécificités de chaque sexe afin de réduire le nombre de mariages d'enfants.

Le Timor-Leste a coparrainé la résolution du Conseil des droits de l'homme de 2013 sur le mariage des enfants, le mariage précoce et le mariage forcé, ainsi que les résolutions de l'Assemblée générale des Nations unies de 2018, 2020 et 2022 sur le mariage des enfants, le mariage précoce et le mariage forcé.

Le Timor-Leste a adhéré à la Convention relative aux droits de l'enfant en 2003, que le Comité des droits de l'enfant a interprétée pour recommander l'établissement d'un âge minimum du mariage de 18 ans, et à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW) en 2003, qui oblige les États à garantir le libre et plein consentement au mariage.

En 2015, le Comité des droits de l'enfant et le Comité CEDAW ont exprimé des préoccupations similaires quant au fait que le mariage d'enfants, en particulier de filles, reste très répandu dans le pays, et ont exhorté le gouvernement à relever l'âge minimum du mariage à 18 ans pour les filles et les garçons, et à prendre des mesures pour mettre fin à la pratique néfaste du mariage d'enfants et sensibiliser la population à ce sujet.

Lors de son examen en 2023, le Comité CEDAW s'est inquiété de l'augmentation des taux d'abandon scolaire chez les filles, ce qui a entraîné une hausse des taux de grossesses chez les adolescentes et de mariages d'enfants. Le Comité s'est également inquiété du manque de produits d'hygiène menstruelle et d'installations sanitaires séparées pour les filles, en particulier dans les zones rurales, et de l'absence d'une éducation adéquate en matière de santé génésique et sexuelle. Le Comité a recommandé au gouvernement : (1) de renforcer les campagnes d'alphabétisation, en particulier dans les zones rurales, afin d'augmenter les taux d'alphabétisation parmi les mères adolescentes, les filles vivant dans la pauvreté et les filles handicapées ; (2) d'intégrer des programmes scolaires inclusifs et accessibles sur l'égalité des sexes, y compris sur les effets néfastes de la violence fondée sur le sexe et du mariage des enfants, et d'incorporer dans les programmes scolaires une éducation à la santé génésique et sexuelle adaptée à l'âge ; et (3) de sensibiliser les chefs communautaires et religieux à l'importance de l'éducation des filles.

Lors de l'examen périodique universel de 2021, le gouvernement a reconnu l'existence de mariages d'enfants, en particulier dans les zones reculées, principalement en raison de la pauvreté. Afin de prévenir les mariages d'enfants, le gouvernement et le ministère de la Santé sensibilisent les écoles et les communautés aux effets néfastes du mariage d'enfants.

Lors de l'examen périodique universel de 2016, le Timor-Leste a accepté d'examiner les recommandations visant à relever l'âge minimum du mariage à 18 ans, sans aucune exception, traditionnelle ou autre, et à faire connaître cette loi.

Le Timor-Leste est l'un des quatre pays de la région Pacifique où l'initiative Spotlight (un partenariat mondial pluriannuel entre l'Union européenne et les Nations unies) soutient les partenaires et les institutions pour éliminer toutes les formes de violence à l'égard des femmes et des filles d'ici à 2030.

Le Timor-Leste est un pays partenaire du Partenariat mondial pour l'éducation.

En janvier 2021, Plan International Timor-Leste et les parties prenantes ont officiellement lancé "National Let's Go Digital" pour fournir des informations sur l'utilisation de la technologie numérique pour mettre fin aux mariages d'enfants, aux mariages forcés et pour réduire les grossesses chez les adolescentes.

Un rapport de 2017 de Plan International, de l'UNFPA et du gouvernement timorais présente les déterminants sociaux du mariage des enfants. Il affirme que la grossesse chez les adolescentes n'est pas un phénomène agissant de manière isolée, mais qu'elle est aussi la principale cause du mariage précoce au Timor-Leste.

Suite à ce rapport, le gouvernement timorais a proposé en 2017 une politique de planning familial, largement inspirée des croyances religieuses catholiques, visant à promouvoir la méthode Billings (méthode naturelle de régulation des naissances basée sur l'observation de la glaire cervicale) comme premier moyen de contraception, uniquement accordé aux personnes déjà mariées. Des ONG telles que Plan International ont dénoncé cette mesure, estimant que l'exclusion des jeunes filles non mariées de l'accès à la contraception risquait de perpétuer les mariages d'enfants à la suite d'une grossesse.

Le plan d'action national pour les enfants (2016-2020) mentionne l'élaboration de campagnes de sensibilisation avec les autorités locales sur les effets néfastes du mariage précoce.

Le plan de développement stratégique 2011-2030 du Timor-Leste vise également à fournir des informations sur l'impact négatif du mariage des enfants sur les communautés locales.

En vertu du code civil de 2011, l'âge minimum légal du mariage est de 17 ans. Toutefois, il est possible de se marier à 16 ans avec le consentement des parents.

Cette règle s'applique aux mariages civils, catholiques et traditionnels (kaben adat ).