Cambodge

Au Cambodge, 18 % des filles se marient avant l'âge de 18 ans et 2 % avant l'âge de 15 ans.

Au Cambodge, 3 % des garçons se marient avant l'âge de 18 ans.

Le mariage d'enfants est le plus répandu dans les zones rurales et isolées où vivent de nombreuses minorités ethniques, notamment dans les provinces de Ratana Kiri(36 %) et de Mondul Kiri(36 %).

Le mariage d'enfants est également répandu à Kampoong Cham(29%), Kratie(28%), Preah Vihear(25%), Stung Treng(25%) et Siem Reap(23%).

Le mariage d'enfants est motivé par l'inégalité entre les sexes et la croyance que les filles sont en quelque sorte inférieures aux garçons.

Au Cambodge, le mariage des enfants est exacerbé par :

● Normes de genre : Chbab srey (un code de conduite traditionnel) enseigne que les filles doivent rester pures "comme du coton", et que le rôle des filles est considéré comme celui de gouvernante, de reproductrice et d'épouse, et encourage le mariage précoce des filles pour qu'elles remplissent ces rôles.

● Les normes culturelles : Au sein de certaines communautés ethniques du Cambodge, les jeunes filles sont considérées comme ayant plus de valeur que les filles de plus de 18 ans, ce qui pousse les parents à marier leurs filles plus jeunes. Dans les provinces de Kratie, Ratana Kiri, Mondul Kiri et Stung Treng, les familles poussent leurs filles à se marier afin d'avoir des gendres qui les aideront à travailler dans les fermes familiales.

● Pratiques néfastes : Les parents cambodgiens organisent généralement le mariage de leurs enfants avant qu'ils n'aient atteint l'âge de 18 ans. Le processus de sélection du conjoint peut être un long processus de négociation entre les familles et il y a une préférence pour les jeunes mariées. En outre, les enfants sont traditionnellement obligés de montrer leur gratitude envers leurs parents, de sorte que les filles se marient pour montrer cette gratitude.

● Niveau d'éducation: les données 2016 de l'UNICEF montrent qu'une fille sur trois âgée de 15 à 19 ans qui n'a jamais été scolarisée a commencé à avoir des enfants, ce qui conduit souvent à un mariage d'enfants. Les taux sont plus élevés parmi les minorités ethniques et dans les zones rurales.

● La pauvreté: Les dommages causés par l'exploitation forestière illégale, l'accaparement des terres et les concessions foncières économiques obligent de nombreux enfants à abandonner l'école et à travailler pour subvenir aux besoins de leur famille. Les filles courent ainsi un risque plus élevé de se marier jeunes dans le cadre d'une stratégie de survie.

● La traite des êtres humains: De nombreuses jeunes filles qui traversent les provinces ou se rendent en Chine ou en Corée du Sud avec la fausse promesse d'un emploi sont ensuite forcées de se marier.

Le Cambodge s'est engagé à éliminer les mariages d'enfants, les mariages précoces et les mariages forcés d'ici 2030, conformément à la cible 5.3 des objectifs de développement durable.

Dans son examen national volontaire de 2019, le gouvernement du Cambodge n'a pas fourni de mise à jour sur les progrès accomplis dans la réalisation de cette cible. Le Cambodge n'a pas présenté d'examen national volontaire dans le cadre d'un forum politique de haut niveau depuis 2019.

Le Cambodge a coparrainé la résolution de 2014 de l'Assemblée générale des Nations unies et la résolution de 2013 du Conseil des droits de l'homme sur le mariage des enfants, le mariage précoce et le mariage forcé.

En 1992, le Cambodge a adhéré à la Convention relative aux droits de l'enfant, que le Comité des droits de l'enfant a interprétée de manière à recommander l'établissement d'un âge minimum du mariage de 18 ans, et à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW), qui oblige les États à garantir le libre et plein consentement au mariage.

Lors de son examen en 2023, le Comité des droits de l'enfant des Nations unies a recommandé au gouvernement de prendre toutes les mesures nécessaires pour éliminer le mariage des enfants et assurer la mise en œuvre effective du plan d'action visant à prévenir le mariage des enfants et les grossesses d'adolescentes dans les provinces de Ratanikiri et de Mondulkiri.

En 2019, le Comité CEDAW s 'est dit préoccupé par la forte prévalence des mariages d'enfants parmi les communautés autochtones et rurales, et a regretté l'absence de mesures adoptées par le gouvernement en dehors de la province de Ratana Kiri.

Lors de l'Examen périodique universel de 2024, le ministère des Affaires féminines a apporté son soutien au Comité consultatif des femmes et des enfants de Ratanakkiri pour piloter le plan d'action pour la prévention du mariage des enfants et de la grossesse chez les adolescentes.

Lors de son examen périodique universel en 2019, le Cambodge a accepté d'examiner les recommandations relatives à l'application de l'âge légal du mariage et à la promotion de campagnes de sensibilisation pour prévenir le mariage des enfants.

Le Cambodge s'est engagé à respecter la Déclaration de l'ANASE sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes et de la violence à l'égard des enfants (2013), qui reconnaît l'importance de renforcer les efforts de l'ANASE pour protéger les enfants contre toutes les formes de violence, y compris le mariage des enfants.

Le Cambodge est un pays pionnier du Partenariat mondial pour mettre fin à la violence contre les enfants et un pays partenaire du Partenariat mondial pour l'éducation.

Avec le soutien du ministère allemand de la coopération économique et du développement (BMZ), Plan International Allemagne et Plan International Cambodge ont lancé le projet "Time to Act" pour aider les adolescents du nord-est du Cambodge à mettre fin au mariage des enfants dans les provinces de Stung Treng et de Ratanakiri. Ce projet vise à aider 6 000 adolescents à mettre fin au mariage des enfants et à les aider à passer avec succès à l'âge adulte dans les communautés isolées et défavorisées du Cambodge.

Le ministère des Affaires féminines, avec le soutien de l'UNICEF Cambodge, a lancé en 2018 le Plan d'action provincial pour mettre fin au mariage des enfants et aux grossesses d'adolescentes (2017-2021) dans la province de Ratanakiri.

Le plan d'action se concentre sur l' augmentation des interventions de prévention et de réponse aux mariages précoces et aux grossesses prématurées au sein de la population des minorités ethniques. Il vise également à améliorer la coordination et la coopération multisectorielles et à développer un système de collecte de données, de suivi et d'évaluation. Le plan d'action vise à cibler au moins 30 % des adolescents (âgés de 10 à 19 ans) et des jeunes (âgés de 15 à 35 ans) de la province.

Le Plan d'action pour prévenir et répondre à la violence contre les enfants (2017-2021) reconnaît le mariage des enfants comme une forme de violence contre les enfants, en particulier les filles. Il contient des objectifs visant à renforcer les capacités des programmes communautaires et des centres religieux à prévenir, identifier et répondre aux cas de violence contre les enfants, y compris le mariage des enfants.

La stratégie Neary Rattanak IV (2014-2018), un plan stratégique quinquennal pour l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes, dirigé par le ministère des Affaires féminines, a identifié le mariage des enfants comme un obstacle majeur au renforcement de l'éducation des filles. En 2019, le Cambodge a indiqué qu' il était en train d'élaborer la stratégie Neary Ratanak V pour 2019-2023.

En vertu du code civil de 2007, l'âge minimum du mariage est de 18 ans pour les filles et les garçons.

Toutefois, il est possible de se marier à 16 ans avec une personne majeure, avec le consentement des parents ou des tuteurs. Le code civil autorise également le mariage de mineurs avec le consentement des parents en cas de grossesse, même si le garçon et la fille ont moins de 18 ans.

Parfois, les parents ou les maris soudoient les autorités locales pour qu'elles falsifient la date de naissance d'une jeune fille afin qu'elle puisse se marier avant l'âge légal.