Liban

6 % des filles libanaises se marient avant l'âge de 18 ans et 1 % avant l'âge de 15 ans.

Les filles réfugiées au Liban courent un risque accru de mariage d'enfants. Selon l'évaluation de la vulnérabilité des réfugiés syriens au Liban en 2022 (VASyR), les taux les plus élevés de mariage d'enfants parmi les filles âgées de 15 à 19 ans se trouvent à Beyrouth(35,7 %), au Mont-Liban(26,6 %), au Liban-Nord(23,5 %), à El Nabatieh(23,1 %), au Liban-Sud(21,2 %) et à Baalbek El-Hermel(22,9 %). Selon le VASyR, 22% des filles syriennes étaient mariées en 2022, contre 20% en 2021. Selon les données de l'UNICEF de 2016, 12 % des réfugiés palestiniens du Liban et 25 % des réfugiés palestiniens de Syrie sont mariés.

Le mariage d'enfants est motivé par l'inégalité entre les sexes et la croyance que les filles sont en quelque sorte inférieures aux garçons.

Au Liban, le mariage des enfants est exacerbé par :

● L 'honneur de la famille : le concept d'al Sutra encourage les familles à protéger l'honneur et la virginité de leur fille. Certaines familles syriennes s'inquiètent de l'exposition des filles aux normes sociales libanaises, plus libérales.

● La religion : L'âge minimum du mariage diffère selon les religions. Selon un rapport de 2015 , il est de 17 ans pour les communautés sunnites, de la puberté pour les chiites, de 17 ans pour les druzes, de 14 ans pour les catholiques grecs, de 14 ans pour les orthodoxes grecs arméniens et assyriens, de 16 ans pour les évangéliques et de 15 ans pour l'église assyrienne de l'Est. L'absence d'une loi unifiée et sa légalité perpétuent le mariage des enfants. En outre, les coutumes conservatrices prévalent dans toutes les religions et encouragent généralement la "protection" des filles contre les comportements immoraux en les mariant jeunes.

● L'inégalité entre les sexes: Le rôle des femmes et des filles a été stéréotypé au sein de la société libanaise. Être une femme au foyer et se marier tôt sont considérés comme des réussites de premier ordre et celles qui se marient tard sont souvent considérées comme ayant des chances limitées dans la vie.

● COVID-19 : La pandémie de COVID-19 ainsi que la crise économique en cours ont eu un impact significatif sur certains des ménages les plus pauvres et ont exacerbé la vulnérabilité des enfants. La pandémie a exposé les familles vulnérables à la perte de revenus financiers, les poussant encore plus loin dans la pauvreté et l'exclusion.

Les contextes humanitaires peuvent englober un large éventail de situations avant, pendant et après les catastrophes naturelles, les conflits et les épidémies. Ils exacerbent la pauvreté, l'insécurité et le manque d'accès à des services tels que l'éducation, autant de facteurs qui favorisent le mariage des enfants. Si l'inégalité entre les sexes est à l'origine du mariage d'enfants dans les contextes stables comme dans les situations de crise, c'est souvent en temps de crise que les familles voient dans le mariage d'enfants un moyen de faire face à des difficultés économiques accrues et de protéger les filles d'une violence accrue.

Depuis octobre 2019, le Liban traverse une crise financière, économique et politique complexe. La crise financière et économique au Liban est classée par la Banque mondiale comme l'une des 10 crises les plus graves au monde. En juillet 2022, le pays a été rétrogradé au rang de pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure en raison du quasi-effondrement du secteur bancaire. Cette situation, associée à la pandémie de COVID-19 et à l'explosion du port de Beyrouth en août 2020, a prolongé la nature de la situation des réfugiés et provoqué une augmentation de l'extrême pauvreté.

Le Liban reste le pays qui accueille le plus grand nombre de réfugiés par habitant au monde, avec un nombre de réfugiés syriens estimé à 1,5 million en janvier 2023. En 2023, environ 3,9 millions de personnes auront besoin d'une aide humanitaire, dont 1,4 million d' enfants, 2 millions de femmes et 1,9 million d' hommes. En 2023, environ 81 500 migrants auront besoin d'une aide humanitaire et 211 400 réfugiés palestiniens...

● Déplacement: Les filles palestiniennes et syriennes réfugiées sont de plus en plus nombreuses à contracter des mariages d'enfants, en particulier dans la vallée de la Bekaa, au Akkar(nord du Liban). En 2022, il a été rapporté que 2 % des familles de réfugiés palestiniens vivant au Liban avaient recours au mariage d'enfants pour faire face à la situation. Ce phénomène est même en augmentation dans les communautés urbaines syriennes déplacées (régions où le mariage d'enfants n'était pas couramment pratiqué avant le conflit). Il est souvent organisé par les familles pour protéger leurs filles des abus sexuels à l'intérieur des camps (ainsi que de l'honneur de la famille) et pour leur assurer la sécurité. Les personnes vivant à l'extérieur des campements de tentes s'inquiètent davantage de la sécurité de leurs filles. Le manque d'accès à l'éducation et la nécessité pour les familles de réduire la charge économique qu'elles perçoivent les poussent également à marier leurs filles précocement. Selon l'évaluation de la vulnérabilité des réfugiés syriens au Liban en 2022, une fille sur cinq âgée de 15 à 19 ans a été mariée en raison de la détérioration de la situation financière de sa famille. Avec l'aggravation de la situation socio-économique et politique, les familles continuent de lutter pour répondre aux besoins fondamentaux de leurs enfants, ce qui les pousse à recourir à des mécanismes d'adaptation négatifs tels que le travail des enfants, le mariage des enfants et les mesures disciplinaires violentes. Les périodes de fiançailles sont de plus en plus courtes et les filles sont mariées rapidement.

Le Liban s'est engagé à mettre fin aux mariages d'enfants, aux mariages précoces et aux mariages forcés d'ici 2030, conformément à la cible 5 .3 des Objectifs de développement durable.

Bien que le gouvernement n'ait pas fourni d'informations actualisées sur les progrès accomplis dans la réalisation de cet objectif lors de son examen national volontaire au Forum politique de haut niveau de 2018, il a mentionné qu'en août 2017, le Parlement avait aboli l'article 522 du code pénal qui permettait au ministère public d'abandonner les poursuites contre un violeur s'il épousait sa victime. Le gouvernement n'a pas présenté d'examen national volontaire lors d'un forum politique de haut niveau depuis 2018.

Le Liban a coparrainé les résolutions 2013, 2014, 2016, 2018, 2020 et 2022 de l'Assemblée générale des Nations unies sur le mariage des enfants, le mariage précoce et le mariage forcé, ainsi que la résolution 2013 du Conseil des droits de l'homme sur le mariage des enfants, le mariage précoce et le mariage forcé.

Le Liban a ratifié la Convention relative aux droits de l'enfant en 1991, que le Comité des droits de l'enfant a interprétée de manière à recommander l'établissement d'un âge minimum du mariage de 18 ans, et a adhéré à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW) en 1997, qui oblige les États à garantir le libre et plein consentement au mariage.

En 2017, le Comité des droits de l'enfant des Nations unies s'est dit très préoccupé par le fait que l'âge minimum du mariage est de 14 ans pour les filles et de 16 ans pour les garçons, voire plus jeune dans certaines circonstances, selon les lois sur le statut personnel des différentes communautés religieuses. Le Comité a exhorté le Liban à adopter une législation fixant l'âge minimum des filles et des garçons à 18 ans, à s'engager avec les autorités religieuses pour interdire les mariages d'enfants et à adopter une stratégie nationale sur les mariages d'enfants.

Lors de l'examen périodique universel de 2020, il a été noté que le ministère des affaires sociales était en train de rédiger une stratégie nationale concernant le mariage précoce afin de répondre et de prévenir le mariage d'enfants. Les discussions relatives à la proposition de loi visant à réglementer le mariage des enfants sont en cours. Lors de l'examen périodique universel de 2015, le Liban a accepté d'examiner les recommandations visant à adopter des lois pour augmenter l'âge de la responsabilité pénale et pour éliminer les mariages d'enfants et les mariages forcés.

En 2020, le Comité des droits de l'homme a recommandé au Liban d'offrir à tous les citoyens la possibilité de se marier civilement et de fixer l'âge minimum légal du mariage à 18 ans. Le Comité s'est également engagé auprès des autorités religieuses à interdire le mariage des enfants et a recommandé l'adoption d'une stratégie nationale. Le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes s'est dit préoccupé par le nombre élevé de cas signalés de mariages d'enfants et/ou de mariages forcés parmi les femmes et les filles réfugiées syriennes. Il a recommandé au gouvernement de mettre en place un système de collecte de données sur les violences sexistes et les mariages d'enfants ou forcés dont sont victimes les femmes et les filles réfugiées.

En juin 2020, le ministère des Affaires sociales, avec le soutien de l'UNICEF et de l'Union européenne, a lancé le Plan stratégique pour la protection des femmes et des enfants 2020-2027. Ce plan vise à renforcer le rôle régulateur de la protection de l'enfance et de la protection contre les violences basées sur le genre. "Qudwa", qui fait partie de la stratégie nationale de changement de comportement social et de communication, vise à prévenir le mariage des enfants, la violence contre les garçons et les filles et le travail des enfants.

Le plan de réponse à la crise au Liban(2017-2020), produit en collaboration avec le gouvernement libanais et diverses agences des Nations unies, visait à réduire les mariages d'enfants de 20 % d'ici 2020. En 2019, une mise à jour du plan de réponse a inclus des objectifs visant à réduire l'exposition aux mécanismes d'adaptation négatifs, y compris le mariage d'enfants. Le plan de réponse a été officiellement prolongé en décembre 2020, jusqu'à la fin de 2021.

Une proposition visant à fixer l'âge minimum du mariage à 18 ans pour les femmes et les hommes a été examinée par le Parlement libanais, nonobstant toute autre disposition législative. Elle a été introduite en 2017 et, malgré la pression croissante de l'opinion publique, en mars 2020, aucune nouvelle n'avait été donnée quant à l'adoption de cette loi. Les ONG libanaises ont demandé que certaines parties de la proposition soient clarifiées, par exemple la situation des filles déjà mariées.

Le Conseil supérieur de l'enfance du Liban dirige l'élaboration d'une stratégie nationale et d'un plan d'action visant à lutter spécifiquement contre le mariage des enfants.

Le Hezbollah (groupe militant et parti politique chiite) s 'oppose fermement à tout effort de lutte contre le mariage des enfants.

Le Liban n'a pas de ¨Personal Status Law¨ pour tous ses citoyens ou de code civil réglementant des choses telles que l'âge légal du mariage, le divorce, l'héritage ou la garde des enfants.... Chacun des 18 groupes religieux reconnus au Liban a fixé ses propres règles sur l'âge légal du mariage. Par exemple, parmi :

Pour les catholiques, l'âge minimum est de 16 ans pour les garçons et de 14 ans pour les filles.

Dans l'Église orthodoxe grecque, l'âge minimum est de 18 ans pour les garçons comme pour les filles, et l'autorité compétente est un prêtre.

Pour les musulmans sunnites, l'âge minimum est de 18 ans pour les garçons et de 17 ans pour les filles, et l'autorité compétente est un juge.

Pour les musulmans chiites, les autorités religieuses n'autorisent pas le mariage avant l'âge de 15 ans ou avant l'âge de la puberté et l'autorité qui accorde le mariage est un juge.

Pour les Arméniens orthodoxes, l'âge minimum est de 18 ans pour les garçons et de 14 ans pour les filles, et l'autorité compétente est l'archevêque.

L 'âge minimum est de 18 ans pour les garçons et de 14 ans pour les filles.

L'âge minimum est de 18 ans pour les garçons et de 16 ans pour les filles. L'autorité compétente est un tribunal spirituel.

Dans l'Église assyrienne de l'Est, l'âge minimum est de 18 ans pour les garçons et de 15 ans pour les filles, et l'autorité compétente est un évêque.

L 'âge minimum est de 18 ans pour les garçons et de 12,5 ans pour les filles, et l'autorité compétente est le père.

Pour les Druzes, l'âge minimum est de 18 ans pour les garçons et de 17 ans pour les filles, et l'autorité compétente est un juge ou un cheikh.

Le manque d'harmonie dans les dispositions nationales relatives au mariage des enfants signifie que, dans certaines circonstances, les enfants peuvent être mariés dès l'âge de 14 ans. Cette situation n'est pas conforme au droit international.