Mali

Au Mali, 54% des filles se marient avant l'âge de 18 ans et 16% avant l'âge de 15 ans.

Au Mali, 2 % des garçons se marient avant l'âge de 18 ans.

En 2018, ONU Femmes a identifié des points chauds pour le mariage des enfants à Kayes (70,9%), Sikasso (63,7%) et Mopti (64,5%). Alors que presque toutes les autres régions ont une prévalence d'au moins 60% du mariage d'enfants, il est principalement concentré dans le sud-ouest du pays, qui est rural et a des taux élevés de pauvreté.

Une étude de 2017 de la Banque mondiale et de l'ICRW a estimé que la fin du mariage des enfants au Mali pourrait générer des gains de productivité supplémentaires de 174,8 millions USD.

Le mariage d'enfants est motivé par l'inégalité entre les sexes et la croyance que les filles sont en quelque sorte inférieures aux garçons.

Au Mali, le mariage des enfants est également motivé par :

● La pauvreté: Le Mali est l'un des pays les plus pauvres du monde. Les données MICS disponibles de 2015 ont révélé que 51 % des femmes de ses ménages les plus pauvres étaient mariées avant l'âge de 18 ans, contre 36 % dans les ménages les plus riches. Certains parents marient leurs filles à un jeune âge pour leur donner ce qu'ils pensent être une meilleure vie, réduire leur charge économique perçue et parce qu'ils peuvent exiger une dot plus élevée. Cette pratique continue de promouvoir la croyance selon laquelle les filles sont la propriété de leur mari.

● Le niveau d'éducation : Selon les données MICS de 2015, 50 % des femmes n'ayant achevé que l'enseignement primaire étaient mariées avant l'âge de 18 ans, contre 18 % de celles qui avaient achevé le deuxième cycle de l'enseignement secondaire.

● Pratiques néfastes : Dans certaines régions du sud du Mali, la pratique de l'enlèvement de la mariée est très répandue. La jeune fille enlevée n'a pas d'autre choix que d'épouser l'auteur de l'enlèvement, sous peine d'être stigmatisée car les gens supposeront qu'elle a été violée et qu'elle a perdu sa virginité très appréciée.

● L'honneur de la famille : l'islam, religion la plus répandue dans le pays, fixe des tabous religieux stricts concernant la sexualité et la pureté des femmes au Mali. De nombreux parents forcent les filles à se marier pour éviter la honte d'un rapport sexuel et d'une grossesse hors mariage.

● Mutilations génitales féminines et excision (MGF/E) : 89% des femmes et des filles au Mali ont subi des MGF. Les MGF/E sont pratiquées par les communautés musulmanes, chrétiennes et animistes du Mali, et sont parfois considérées comme un symbole de la préparation d' une fille au mariage.

● La polygamie: Le Mali a le deuxième taux de polygamie le plus élevé au monde, et 23% des femmes âgées de 20 à 24 ans ont au moins une coépouse.

● COVID-19 : La pandémie de COVID-19 a eu un impact significatif sur certains des ménages les plus pauvres du Mali et a exacerbé la vulnérabilité des enfants. La pandémie a exposé les familles vulnérables à une perte de revenus financiers, les enfonçant davantage dans la pauvreté et l'exclusion. Les fermetures d'écoles entre mars et septembre 2020 ont affecté 4 millions d' enfants âgés de 7 à 5 ans, exposant davantage la vulnérabilité des jeunes filles et les rendant plus susceptibles d'être victimes d'abus et de mariages d'enfants.

Les contextes humanitaires peuvent englober un large éventail de situations avant, pendant et après les catastrophes naturelles, les conflits et les épidémies. Ils exacerbent la pauvreté, l'insécurité et le manque d'accès à des services tels que l'éducation, autant de facteurs qui favorisent le mariage des enfants. Si l'inégalité entre les sexes est une cause fondamentale du mariage d'enfants, tant dans les contextes stables que dans les situations de crise, c'est souvent en temps de crise que les familles voient dans le mariage d'enfants un moyen de faire face à des difficultés économiques accrues et de protéger les filles d'une violence accrue.

La situation humanitaire du Mali continue de s'aggraver. Ces dernières années, le Mali a été en proie à une escalade de la violence qui s'est étendue à certains pays d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique centrale. Les affrontements entre les forces gouvernementales et les groupes armés, en particulier dans les régions de Ménaka et de Gao, liés à ISIL et Al-Qaïda, ont compromis les systèmes d'éducation et de santé, et contraint plus de 1,15 million de personnes à fuir leur domicile. Entre août 2020 et mai 2021, deux coups d'État ont aggravé l'instabilité dans le pays. Cette situation a entraîné une augmentation des taux d'abandon scolaire et de la violence à l'égard des femmes et des filles, y compris le mariage des enfants. En 2023, 8,8 millions de personnes auront besoin d'une aide humanitaire, 76 000 personnes souffriront d'une faim extrême et 200 000 enfants risqueront de mourir de faim. Il y a 375 000 personnes déplacées à l'intérieur du pays et 30 000 personnes qui ont dû fuir leurs maisons à Tombouctou et à Toudeni.

● Les conflits armés : Une recrudescence du conflit à Gao, Tombouctou et Kidal en 2012 a déstabilisé le Mali et a eu un impact énorme sur les filles. Nombre d'entre elles ont été victimes de viols et de mariages forcés par des terroristes et des groupes armés, certains cas d'esclavage sexuel ayant été signalés par l'ONU. L'instabilité et le conflit actuels continuent d'avoir un impact sur la prévalence du mariage des enfants au Mali.

Le Mali s'est engagé à mettre fin aux mariages d'enfants, aux mariages précoces et aux mariages forcés d'ici 2030, conformément à la cible 5.3 des Objectifs de développement durable.

Le gouvernement a présenté un examen national volontaire lors du forum politique de haut niveau de 2022. Dans cet examen, le gouvernement a indiqué qu'il s'engageait à lutter contre le mariage des enfants. Le gouvernement a lancé la stratégie nationale multisectorielle pour l'abandon du mariage des enfants (SNMME) (2020-2023). Grâce à cette stratégie, 658 victimes de mariages d'enfants ont bénéficié d'une prise en charge holistique en 2022 et 841 victimes en 2021. Grâce à diverses campagnes sur les médias sociaux et à la radiodiffusion, plus de 6 millions de personnes ont été touchées par des messages relatifs au mariage des enfants, à l'égalité des sexes, à la santé sexuelle et reproductive, à la santé maternelle et à l'importance de l'éducation des filles. En outre, 700 dirigeants communautaires ont participé à des dialogues sur la violence fondée sur le genre, le mariage des enfants, la santé sexuelle et reproductive et l'égalité entre les hommes et les femmes.

En juillet 2021, lors du Forum des générations pour l'égalité qui s'est tenu à Paris, le Mali s'est engagé à mener une action sur cinq ans pour accélérer l'égalité des sexes d'ici à 2026. L'investissement de 40 millions de dollars US comprendra le développement de changements juridiques et sociaux pour mettre fin à la violence basée sur le genre, au mariage des enfants et aux mutilations génitales féminines au Togo, au Bénin, en Guinée, au Mali, au Niger et au Burkina Faso.

Le Mali a coparrainé la résolution du Conseil des droits de l'homme de 2015 visant à mettre fin au mariage des enfants, au mariage précoce et au mariage forcé, reconnaissant qu'il s'agit d'une violation des droits de l'homme, ainsi que les résolutions de l'Assemblée générale des Nations unies de 2013, 2014, 2018 et 2020 sur le mariage des enfants, le mariage précoce et le mariage forcé. Le Mali a également signé une résolution conjointe au Conseil des droits de l'homme de 2014 appelant à une résolution sur le mariage des enfants.

Le Mali a ratifié la Convention relative aux droits de l'enfant en 1990, que le Comité des droits de l'enfant a interprétée pour recommander l'établissement d'un âge minimum du mariage de 18 ans, et la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW) en 1985, qui oblige les États à garantir le libre et plein consentement au mariage.

En 2017, le Comité CEDAW a fait part de ses préoccupations concernant les mariages d'enfants commis par des groupes extrémistes et des membres de l'armée au Mali, et l'impunité qui en résulte pour les auteurs.

Lors de l'examen périodique universel de 2023, le Conseil des droits de l'homme a félicité le Mali pour ses efforts dans la lutte contre le mariage des enfants à travers la stratégie nationale. Il a également été reconnu que le gouvernement fait des efforts pour lutter contre les pratiques néfastes, telles que l'alimentation forcée et l'inégalité entre les sexes.

Dans son examen périodique universel de 2018, le Mali a soutenu les recommandations visant à renforcer la mise en œuvre de la législation et des politiques visant à mettre fin aux pratiques néfastes, en particulier le mariage des enfants, le mariage précoce et le mariage forcé, et à aligner l'âge minimum du mariage pour les filles sur les normes internationales, à 18 ans au lieu de 16 ans.

En 1998, le Mali a ratifié la Charte africaine des droits et du bien-être de l'enfant, y compris l'article 21 concernant l'interdiction du mariage des enfants.

En 2005, le Mali a ratifié le protocole à la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples relatif aux droits de la femme en Afrique, y compris l'article 6 qui fixe l'âge minimum du mariage à 18 ans.

En tant que membre de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), le Mali a adopté en 2017 le Cadre stratégique pour le renforcement des systèmes nationaux de protection de l'enfance, en vertu duquel la protection des enfants contre le mariage est une priorité. En juin 2019, les chefs d'État de la CEDEAO ont approuvé la politique de l'enfant et le plan d'action stratégique de la CEDEAO, ainsi que la feuille de route 2019-2030 sur la prévention et la réponse au mariage des enfants.

En outre, en juillet 2019, les Premières Dames de la CEDEAO ont signé la "Déclaration de Niamey : Appel à mettre fin au mariage des enfants et à promouvoir l'éducation et l'autonomisation des filles", appelant les États membres à engager des réformes législatives, institutionnelles et budgétaires pour mettre en œuvre la feuille de route.

Le Mali est l'un des pays soutenus par l'initiative Spotlight (un partenariat mondial pluriannuel entre l'Union européenne et les Nations unies). L'Initiative Spotlight au Mali s'est concentrée sur les efforts visant à mettre fin à toutes les formes de violence sexuelle et sexiste et aux pratiques néfastes à l'encontre des femmes et des filles. L'investissement total de l'Union européenne entre 2019-2020 a été de 18 millions de dollars américains. Les fonds ont été répartis comme suit :

Politique : Veiller à l'élaboration et à l'adoption d'une législation sur la violence fondée sur le sexe, les mutilations génitales féminines et le mariage d'enfants, y compris l'adoption du code de protection de l'enfant.

Institution : Soutenir les efforts du gouvernement pour créer un programme national de lutte contre la violence sexiste et promouvoir une budgétisation sensible au genre.

La prévention : Remettre en question les relations de pouvoir entre les femmes et les hommes qui régissent les comportements dans les ménages, les communautés, les écoles et les institutions sociales en impliquant activement les chefs religieux par le biais d'actions de sensibilisation et d'un dialogue intergénérationnel.

Données : Évaluer les capacités locales et institutionnaliser la collecte et l'analyse des données sur les violences sexuelles et sexistes, ainsi que développer des outils numériques pour générer des données dans d'autres secteurs.

Mouvement des femmes et société civile : Renforcer les organisations de défense des droits des femmes aux niveaux local et national.

Le Mali est un pays partenaire du Partenariat mondial pour l'éducation (PME).

En partenariat avec le Forum des éducatrices africaines (FAWE), l'Association SORO, Walé, Save the Children et Oxfam, le programme Mariage : No Child's Play (MNCP) 2016-2020 a été mis en œuvre. Ce programme visait à adopter une approche holistique centrée sur les filles et pilotée par la communauté afin de créer des opportunités pour les adolescentes.

En 2015, dans le cadre de la campagne de l'Union africaine pour mettre fin au mariage des enfants en Afrique, le Mali a lancé sa campagne nationale intitulée "L'éducation des filles : un moyen d'éliminer le mariage précoce des enfants". La campagne est menée par la Première Dame et met l'accent sur la nécessité de maintenir les filles à l'école pour lutter contre le mariage des enfants. Un comité national chargé de coordonner et de suivre les actions et les engagements de la campagne de l'Union africaine a été créé en juin 2017.

Selon ONU Femmes au Mali, un projet de loi contre les violences basées sur le genre, qui criminalise les mutilations génitales féminines/excisions et le mariage des enfants, a été élaboré par la société civile et devait être présenté à l'Assemblée nationale par le ministère du Genre et de la Justice en 2018. Toutefois, au début de l'année 2020, aucune information n'a été communiquée sur l'adoption de cette loi.

En janvier 2017, la Première Dame Keïta Aminata Maïga a organisé une réunion sur la santé sexuelle et reproductive des adolescents et des jeunes lors du sommet de haut niveau France-Afrique à Bamako.

Save the Children, en partenariat avec Oxfam Novib, dans le cadre de l'alliance "More Than Brides", s'efforce de mettre fin aux mariages d'enfants par le biais de stratégies multiples, notamment en donnant aux adolescents à risque et déjà mariés les moyens d'acquérir des compétences pratiques, une éducation sexuelle complète et des informations sur la santé et les droits sexuels et génésiques ; en proposant des alternatives aux mariages précoces en améliorant l'accès à l'éducation, aux opportunités économiques et aux systèmes de protection des enfants ; en augmentant les services de santé sexuelle et génésique ; en modifiant les normes sociales ; et en influençant les cadres juridiques et politiques.

Le Mali est également l'un des 11 pays qui s'efforcent de créer des communautés sans mariage d'enfants d'ici 2020 dans le cadre de l'Alliance Her Choice.

En vertu du Code des personnes et de la famille de 2011, l'âge minimum légal du mariage au Malawi est de 16 ans pour les filles et de 18 ans pour les garçons. Toutefois, les personnes âgées de plus de 15 ans peuvent se marier avec l'autorisation du chef de la circonscription administrative et le consentement des parents.

En outre, la plupart des mariages coutumiers ne sont pas enregistrés, en particulier ceux qui impliquent des enfants, car ils ne disposent pas de documents d'enregistrement des naissances.