Somalie

En Somalie, 45 % des filles se marient avant l'âge de 18 ans et 8 % avant l'âge de 15 ans.

Le mariage d'enfants est motivé par l'inégalité entre les sexes et la croyance que les femmes et les filles sont en quelque sorte inférieures aux hommes et aux garçons.

En Somalie, le mariage des enfants est exacerbé par :

● L 'honneur de la famille : les normes sociales somaliennes sont très sensibles à la protection des filles avant le mariage. Les parents marient souvent leurs filles pour les protéger des abus sexuels sur le chemin de l'école.

● Mutilations génitales féminines et excision (MGF/E) : La Somalie est l'un des rares pays au monde où l'on estime que la quasi-totalité des femmes et des filles ont subi des mutilations génitales féminines et l'excision (MGF/E). Ces pratiques sont étroitement liées aux tentatives de contrôle de la sexualité féminine et de préparation des filles au mariage.

● La religion: Comme le rapporte l'UNICEF, les dirigeants islamiques ne considèrent pas la protection des filles contre les mariages d'enfants comme une priorité et évitent de s'exprimer contre les mariages forcés. Certains dirigeants soutiennent cette pratique en autorisant , semble-t-il, les mariages d'enfants.

● Les normes de genre et la dynamique du pouvoir : Environ 30 % des filles âgées de 15 à 24 ans épousent un mari de 10 ans ou plus leur aîné, et environ 1 femme sur 5 âgée de 15 à 49 ans vit un mariage polygyne. Cela contribue à placer les femmes et les filles dans une position de soumission.

● La pression des pairs : lorsqu'une fille d'une classe ou d'une communauté se marie, les autres suivent souvent. Cela conduit parfois les filles à divorcer, à retourner vivre chez leurs parents et à "nuire" à leurs futures perspectives de mariage.

● La grossesse chez les adolescentes : Selon les données recueillies par le Fonds des Nations unies pour la population, entre 2004 et 2020, 118 pour 1000 filles et femmes âgées de 15 à 19 ans ont donné naissance à un enfant. La Somalie est confrontée à des taux élevés et croissants de grossesses d'adolescentes, qui sont une conséquence du mariage des enfants.

Les contextes humanitaires peuvent englober un large éventail de situations avant, pendant et après les catastrophes naturelles, les conflits et les épidémies. Ils exacerbent la pauvreté, l'insécurité et le manque d'accès à des services tels que l'éducation, autant de facteurs qui favorisent le mariage des enfants. Si l'inégalité entre les sexes est une cause fondamentale du mariage d'enfants, tant dans les contextes stables que dans les situations de crise, c'est souvent en temps de crise que les familles voient dans le mariage d'enfants un moyen de faire face à des difficultés économiques accrues et de protéger les filles d'une violence accrue.

Depuis trois décennies, le conflit entre l'armée et les groupes armés non étatiques, en particulier Al-Shabaab, est la principale cause de déplacement interne en Somalie. La Somalie est également sujette à de graves sécheresses qui aggravent la pauvreté et l'insécurité alimentaire généralisées dans le pays.

En 2023, environ 8,25 millions de personnes auront besoin d'une aide humanitaire en Somalie, dont 1,5 million d' enfants de moins de 5 ans et 3,6 millions de filles et de garçons âgés de 5 à 17 ans. Outre les catastrophes naturelles et l'insécurité alimentaire, les mariages d'enfants en Somalie sont exacerbés par :

● Conflit armé : Certaines filles somaliennes sont violées par des groupes armés et forcées d'épouser des combattants. L'ONU rapporte qu'Al-Shabaab (un groupe d'insurgés islamistes basé en Somalie) s'est montré particulièrement complice en forçant les filles à se marier. Human Rights Watch souligne que les membres d'Al-Shabaab utilisent le mariage d'enfants comme tactique pour imposer une version stricte de la charia sur tous les aspects de la vie personnelle des femmes et des filles. De nombreuses familles de réfugiés ont déclaré avoir quitté la Somalie par crainte d'un mariage forcé, et une fille a été décapitée parce qu'elle avait refusé de se marier. En 2020, les Nations unies ont recensé plus de 100 cas de violences sexuelles à l'encontre de filles liées au conflit.

● Les déplacements : Les filles vivant dans des camps de personnes déplacées à l'intérieur de leur pays sont particulièrement vulnérables aux violences sexuelles et aux mariages forcés.

La Somalie s'est engagée à mettre fin aux mariages d'enfants, aux mariages précoces et aux mariages forcés d'ici 2030, conformément à la cible 5.3 des objectifs de développement durable.

Le gouvernement a présenté un examen national volontaire lors du forum politique de haut niveau de 2022. Le gouvernement a indiqué que, dans le cadre du système de gestion de l'information sur la violence fondée sur le genre (GBVIMS), sur les 7 200 cas signalés, 72 % étaient des cas de violence entre partenaires intimes. Le gouvernement a noté que les cas de violence basée sur le genre sont en augmentation et sont exacerbés par les conditions de sécheresse, les inondations, l'insécurité, les déplacements et la violence.

La Somalie a coparrainé la résolution de 2014 de l'Assemblée générale des Nations unies et la résolution de 2013 du Conseil des droits de l'homme sur le mariage des enfants, le mariage précoce et le mariage forcé. En 2014, la Somalie a signé une déclaration commune au Conseil des droits de l'homme appelant à une résolution sur le mariage des enfants.

La Somalie a ratifié la Convention relative aux droits de l'enfant en 2015, que le Comité des droits de l'enfant a interprétée pour recommander l'établissement d'un âge minimum du mariage de 18 ans. La Somalie est l'un des rares pays à ne pas avoir signé ou ratifié la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW), qui oblige les États à garantir le libre et plein consentement au mariage.

En 1991, la Somalie a signé la Charte africaine des droits et du bien-être de l'enfant, dont l'article 21 interdit le mariage des enfants.

En 2006, la Somalie a signé le protocole à la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique, dont l'article 6 fixe l'âge minimum du mariage à 18 ans.

Au cours de son examen 2022, le Comité des droits de l'enfant des Nations unies s'est inquiété de la prévalence des mariages d'enfants de moins de 15 ans. Le Comité a recommandé au gouvernement de relever l'âge minimum légal du mariage à 18 ans, sans aucune exception. Le Comité a recommandé au gouvernement d'accélérer l'élaboration d'un plan d'action pour lutter contre les mutilations génitales féminines et les mariages d'enfants et de mettre en place des campagnes de sensibilisation sur les effets néfastes des mariages d'enfants et des mutilations génitales féminines. Compte tenu de l'augmentation du nombre de grossesses chez les adolescentes et de mariages d'enfants, la commission a également constaté avec préoccupation que la mise en œuvre du Plan stratégique national pour la santé reproductive, maternelle, néonatale, infantile, des adolescents et la nutrition pour 2019-2023 avait été entravée.

Dans son rapport de 2021 au Comité des droits de l'enfant, le gouvernement somalien a indiqué que des mesures étaient prises pour éliminer les pratiques néfastes et que la priorité était donnée à l'élimination des mariages d'enfants et des pratiques néfastes. Dans ce rapport, le gouvernement a reconnu qu'environ la moitié des femmes somaliennes sont mariées avant l'âge de 20 ans et donnent naissance à leur premier enfant avant l'âge de 21 ans, et que 14 % des femmes âgées de 15 à 19 ans ont déjà donné naissance à leur premier enfant.

Lors de l'examen périodique universel de 2021, la Somalie a indiqué qu'en 2017, le bureau du procureur général a créé une unité de lutte contre les violences sexuelles et sexistes composée de procureurs spéciaux ayant reçu une formation. Le bureau du procureur général vise à étendre les unités de violence sexuelle et sexiste afin d'accroître l'efficacité de la gestion et du suivi des cas.

Lors de l'examen périodique universel de 2016, la Somalie a accepté d'examiner les recommandations visant à lutter contre les graves violations des droits humains des femmes et des filles, y compris le mariage des enfants.

En 2019, lors du sommet de Nairobi sur la CIPD25, le gouvernement somalien s'est engagé à appliquer une tolérance zéro à l'égard de la violence fondée sur le genre en s'attaquant aux facteurs de vulnérabilité, en particulier parmi les personnes déplacées à l'intérieur du pays, et en renforçant les cadres politiques et juridiques.

Lors du London Girl Summit en juillet 2014, le gouvernement a signé une charte dans laquelle il s'engage à mettre fin au mariage des enfants d'ici 2020.

La Somalie est un pays partenaire du Partenariat mondial pour l'éducation (PME).

Le ministère somalien des Femmes et des Affaires familiales a élaboré une législation visant à protéger les enfants contre le mariage des enfants et les mutilations génitales féminines. En 2019, la Somalie a signalé au Comité des droits de l'enfant des Nations unies que le projet de loi sur les infractions sexuelles, qui est actuellement examiné par le parlement, prévoit des sanctions pour les mariages d'enfants.

Le projet de loi sur les droits de l'enfant interdit les pratiques préjudiciables, notamment le mariage des enfants et les mutilations génitales féminines. Ce projet de loi s'attaque également à la maltraitance des enfants sous toutes ses formes, y compris la maltraitance des enfants handicapés.

Sous l'égide du ministère de la femme et du développement des droits de l'homme (MoWHRD), plusieurs lois visant à renforcer les droits de l'enfant en Somalie et à intégrer la Convention relative aux droits de l'enfant dans la législation nationale sont en cours d'élaboration. Il s'agit notamment des lois suivantes

Projet de loi sur les infractions sexuelles

Projet de loi anti-FGM

Projet de loi sur le handicap

Projet de loi sur la justice des mineurs

En 2018, au Puntland, une politique de tolérance zéro à l'égard des mutilations génitales féminines et de l'excision a été élaborée et un projet de loi a été adopté par le cabinet et le parlement du Puntland.

Le plan de développement national (2017-2019) a également fait part de l'intention du gouvernement d'éliminer le mariage des enfants.

Le ministère de la justice a formé certains chefs religieux à la sensibilisation au mariage d'enfants et leur a fourni des modèles pour garantir une documentation adéquate et des plans d'action visant à minimiser les mariages d'enfants. Il s'efforce également d'enregistrer les cheikhs (chefs religieux) et de délivrer des licences pour l'exécution de nikahs ("mariage" dans la loi islamique) afin de suivre et de contrôler les mariages d'enfants.

La Constitution provisoire de la Somalie (2012) stipule qu'un "mariage ne sera pas légal sans le libre consentement de l'homme et de la femme, ou si l'une des parties n'a pas atteint l'âge de la maturité". Cependant, la Constitution ne définit pas l'âge de la maturité, ce qui signifie que les filles peuvent se marier à tout âge avant 18 ans.

En outre, selon le code de la famille (1975), l'âge légal du mariage en Somalie est de 18 ans pour les hommes et les femmes, mais il prévoit des exceptions pour les filles qui peuvent être mariées à 16 ans ou moins avec le consentement d'un tuteur.