Une évaluation des décisions des tribunaux de district sur le mariage des enfants : Exploration de l'agence, du consentement et de la justice
Objectifs
Le mariage des enfants est reconnu comme une pratique traditionnelle néfaste et une violation des droits de l'homme des enfants. La loi népalaise l'a donc criminalisé. Cependant, la mise en œuvre de la loi est très faible, car très peu de cas de mariages d'enfants sont signalés et quelques-uns sont poursuivis. Par ailleurs, les décisions judiciaires sur le mariage d'enfants au Népal montrent qu'il existe des incohérences juridiques dans les décisions et que, la plupart du temps, les mariages d'enfants à l'initiative de l'intéressé sont poursuivis.
Cette étude a pour but de déterminer si la législation actuelle est efficace pour lutter contre le mariage d'enfants, protéger les droits des adolescents, défendre leurs intérêts et formuler des recommandations fondées sur des données probantes en vue d'une réforme législative. Elle comprend un examen des politiques et une étude des décisions relatives au mariage d'enfants rendues par dix tribunaux de district au Népal.
Les résultats montrent que les mineurs de ce mariage, la fille et le garçon, sont également poursuivis pour mariage d'enfants et, s'ils sont reconnus coupables, sont punis. Dans certains cas, les mariés sont également accusés de viol lorsque la jeune fille est considérée comme la victime du viol mais comme le coauteur du mariage d'enfants.
Il est urgent de procéder à une réforme juridique au Népal qui soit conforme à la législation internationale en matière de droits de l'homme.
Résultats
L'analyse révèle des tendances clés en matière de signalement, de poursuites et de décisions judiciaires. Seuls 7 % des cas ont été signalés par la jeune fille elle-même, tandis que 56 % l'ont été par sa famille, 20 % par la famille du marié (principalement les premières épouses) et 17 % par la police népalaise. La plupart des cas (93%) concernaient des "mariages d'amour" initiés par la jeune fille elle-même, tandis que seuls 4% étaient des mariages forcés et 3% des mariages arrangés faussement déclarés.
Le marié a été poursuivi dans tous les cas, et la jeune mariée dans 75% des cas. Les parents du marié, en particulier ceux issus des castes inférieures, et les prêtres ont parfois été poursuivis. Environ 38% des cas ont été poursuivis uniquement pour mariage d'enfants ; les autres cas comprenaient des accusations de polygamie, de viol et d'enlèvement. Les cas de viols ayant fait l'objet d'une condamnation ont montré que le marié appartenait à une caste inférieure, à un groupe autochtone ou à une minorité. Les tribunaux ont prononcé des condamnations dans 52 % des cas, des acquittements dans 42 % des cas et des condamnations partielles dans 6 % des cas. Tous les mariages condamnés ont été annulés, mais une indemnisation n'a été accordée que dans 12,5 % des cas.
Les résultats mettent en évidence les préjugés systémiques de caste, ignorant l'agence et la capacité évolutive des adolescents en matière d'initiative personnelle et de mariage, ainsi que les dilemmes juridiques résultant d'une criminalisation absolue, signalant un besoin urgent de réforme juridique alignée sur les normes internationales en matière de droits de l'homme.
Recommandations
Le gouvernement népalais doit procéder aux interventions suivantes :
La prévention :
- Renforcer la prévention multisectorielle et communautaire en établissant des partenariats avec les clubs de jeunes, les groupes de femmes, la société civile et les organisations communautaires pour lutter contre le mariage des enfants, la dot, la polygamie, la discrimination fondée sur la caste et la violence domestique.
- Assurer le maintien à l'école des enfants et la poursuite de l'éducation formelle pour les adolescents mariés.
- Allouer des budgets aux niveaux fédéral, provincial et local pour créer des environnements scolaires sûrs et favorables.
- Former les forces de l'ordre, les procureurs et les juges aux droits de l'enfant et aux lois sur le mariage des enfants.
Accusation :
- Distinguer clairement les types de mariage d'enfants (forcé, volontaire, précoce) sur la base du consentement et de l'action de l'adolescent.
- Clarifier les charges supplémentaires (viol, polygamie, enlèvement) en fonction de l'âge et du consentement dans le cas du mariage d'enfants.
- Interdire les poursuites pénales à l'encontre des mineurs impliqués dans un mariage d'enfants ; les considérer comme ayant besoin d'une protection.
Protection :
- Modifier la loi sur l'enfance (2018) pour reconnaître que les adolescents mariés ont besoin d'une protection spéciale.
- Garantir une indemnisation, un logement sûr et une réadaptation pour les filles mariées au cas par cas.
- Réglementer les droits de garde des enfants nés d'un mariage d'enfants.
- Fournir des options pour une réintégration sûre et digne dans la famille ou une prise en charge alternative après l'annulation du mariage d'enfants.
Promotion :
- Veiller à ce que tous les prestataires de services de santé offrent des services de santé sexuelle et reproductive adaptés aux adolescents.
-. Introduire l'éducation sexuelle complète obligatoire dans l'enseignement secondaire dans toutes les écoles.
- Conserver et mettre à jour des données ventilées sur le mariage d'enfants, ses tendances changeantes, y compris les mariages d'enfants d'initiative personnelle, en vue d'une intervention politique.