Mariage des filles mineures au Maroc : Revue de littérature

  • Organisation : UQAM

La littérature qui traite des mariages des filles mineures au Maroc s'appuie dans la plupart des cas sur des études qualitatives ou documentaires avec les filles mineures, leur famille, ou les acteurs des différentes institutions nationales et/ou de la société civile impliqués dans ces mariages. Les études documentaires portent généralement sur l’analyse des textes religieux, des textes de loi, des articles de la constitution et des rapports réalisés à ce propos. Cette littérature mobilise des cadres théoriques interdisciplinaires alliant droit, politique publique, sociologie et anthropologie. Par ailleurs, en plus des limites que présentent les études qualitatives de manière générale, on note que plusieurs articles ne couvrent pas la totalité des acteurs impliqués. Les études émergentes qui portent sur les juges par exemple et qui sont des acteurs clés dans ces mariages sont très rares. Aussi, l'ancrage du cadre juridique dans les préceptes religieux doit être approfondi.

Dans certains rapports, la rigueur méthodologique peut s'avérer un problème notamment dans les recherches qui impliquent des financements nationaux, compte tenu du manque de moyens, ou des biais de résultats. De plus, il est difficile de mener des entretiens individuels avec des filles mineures sans la présence de leur mari ou de leur père, ce qui peut impacter ou diriger leurs réponses.

Également les causes, conséquences et recommandations formulées dans les articles qui portent sur les mariages des filles mineures au Maroc n’utilisent pas de perspective féministe, et la corrélation entre les causes, et les causes et conséquences n’est pas développée. Les recommandations sont également ponctuelles et on note l'absence d’études longitudinales qui permettent de prendre en compte ses éléments, leur portée et leur évolution ainsi que la portée des politiques et des programmes de prévention mis en place.

Enfin, la littérature féministe qui porte sur le mariage des filles mineures au Maroc laisse de côté les dynamiques au sein des couples formés de filles mineures et de maris majeurs. Il est important de souligner également que la littérature sur le mariage des filles mineures au Maroc repose sur l’étude des filles mineures et leur famille, généralement la mère de la fille. Cette littérature laisse de côté le père, le frère et le mari majeurs qui épousent la fille mineure. L’étude de ces acteurs dominants est cruciale pour une meilleure analyse de ce phénomène, d’autant plus que la décision du mariage leur revient en premier lieu.

Dans ce sens, plusieurs pistes de recherche restent ouvertes et peuvent permettre un approfondissement des connaissances sur les mariages des filles mineures au Maroc. On note qu’une étude féministe matérialiste intersectionnelle qui prend pour objet d’étude les mâles dominants à savoir le mari majeur, le père et le frère peut être intéressante. Une étude approfondie dans la même perspective sur les éléments sociaux comme la virginité et la puberté et leur corrélation avec le mariage des filles mineures au Maroc peut s'avérer également pertinente.

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