Stratégies pour la prestation de services
De nombreux obstacles structurels peuvent pousser les filles à se marier et les empêcher d'accéder à un soutien une fois qu'elles sont mariées.
Les services doivent être fournis par des secteurs qui se renforcent mutuellement et sont adaptés aux besoins spécifiques des filles et des adolescentes qui sont à risque ou qui sont - ou ont été - mariées.
Les prestataires de services doivent prendre en considération de tous les obstacles dans les secteurs de l'éducation, de la santé - y compris la santé et les droits sexuels et reproductifs, et la santé mentale -, de la justice, de la protection de l'enfance et de l'aide humanitaire. Ils doivent adapter des programmes novateurs pour atteindre les filles et les adolescentes les plus marginalisées, notamment celles qui sont mariées, enceintes ou qui élèvent des enfants, et celles qui sont touchées par les conflits et les crises humanitaires.
Par exemple, une pénurie d’écoles secondaires en zone rurales, signifie que les filles qui habitent dans ces zones sont souvent loin de l’école. Si elles ne peuvent pas s'y rendre en toute sécurité ou s'il n'y a pas d'installations appropriées pour gérer leur hygiène menstruelle, elles risquent de ne pas obtenir les résultats escomptés, de manquer l'école ou de la quitter prématurément. Les filles enceintes ou mariées ayant des enfants risquent de ne pas bénéficier d'une aide à l'enfance ou d'être exclues de l'école.
Les prestataires doivent également mettre en place des systèmes permettant d'identifier les signes avant-coureurs, de traiter les risques de mariage d'enfants et de soutenir les filles qui sont - ou ont été - mariées, y compris celles qui souhaitent mettre fin à leur union.
Effets :
- Les filles ont un meilleur accès à une éducation formelle et informelle de qualité dans un environnement sûr.
- Les filles déjà mariées (ou l’ayant été par le passé) ont un meilleur accès à des services de santé, notamment de santé maternelle et mentale.
- Les filles ont davantage accès à des services de santé sexuelle et reproductive, y compris à un avortement sans danger.
- Les systèmes juridiques, judiciaires, de protection de l’enfance et de prévention de la violence basée sur le genre ont les moyens de pr évenir le mariage des enfants, de répondre à ses conséquences et de soutenir les filles qui risquent d’être mariées pendant leur enfance, ainsi que celles qui le sont déjà ou l’ont été par le passé.
- Les filles ont davantage accès à une protection sociale et à un appui aux moyens de subsistance.
- Les filles qui sont enceintes, souhait e nt entrer en union ou sont déjà mariées ont davantage accès à un soutien sanitaire, pédagogique, économique et psychosocial.
- Des interventions ciblées sont menées pour identifier et atteindre les filles les plus vulnérables, notamment celles touchées par les conflits et les crises humanitaires.
L'amélioration de l'éducation, de la santé et des services juridiques - y compris ceux qui aident les filles à acquérir les compétences et à accéder aux opportunités dont elles ont besoin pour réduire leur dépendance financière à l'égard des autres - permet aux filles d'éviter le mariage, de poursuivre leurs études et, si elles le souhaitent, mettre fin à leur union.
Programmes et activités
Une scolarité accessible, de qualité et dans un environnement sûr
Accroître l’accès à une scolarité de qualité, dispensée dans un environnement sûr, constitue une stratégie essentielle pour mettre fin au mariage des enfants et veiller à ce que les filles déjà mariées puissent terminer leurs études. L’éducation enrichit les connaissances, ouvre de nouvelles possibilités et peut contribuer à changer la perception qu’ont les communautés des filles et la valeur qu’elles leur attachent. Le simple fait pour les adolescentes d’aller à l’école peut renforcer l’idée selon laquelle les filles en âge d’aller à l’école ne devraient pas être mariées.
Maintenir les filles à l’école constitue un moyen efficace pour prévenir leur mariage, mais ce n’est pas suffisant : Les filles ont besoin de soutien pour s'épanouir et passer à l'école secondaire. En ce qui concerne les filles mariées, il est important que les établissements scolaires les encouragent et de les aident à poursuivre leur formation, que ce soit dans un contexte informel ou formel. Cela pourrait consister à participer à un programme offrant un espace sûr, des cours à temps partiel, des cours en ligne ou une formation professionnelle.
Des services de santé de qualité adaptés aux jeunes
Pour vivre une vie saine et sans risque, les filles – qu’elles soient déjà mariées ou non - ont besoin de services de santé de qualité adaptés aux jeunes. Dans les pays à bas revenus, de nombreuses filles n’ont pas accès à des soins de santé sexuelle et reproductive, notamment à la contraception et à l'avortement sans risque, ce qui peut les exposer à des grossesses précoces non désirées et aux infections sexuellement transmissibles, dont le VIH.
Les filles doivent comprendre leur corps et connaître les services et les soins de santé qui s’offrent à elles. Il importe également de veiller à ce que les services de santé soient adaptés aux jeunes et à ce que les filles puissent avoir accès à des soins sans être jugées et sans besoin de supervision masculine.
Des mécanismes de protection de l’enfance adéquats
S’assurer qu’il existe des mécanismes de protection de l’enfance adéquats constitue également une partie importante de nos efforts pour la fin du mariage des enfants. La mise en place de protocoles permettant de reconnaître les signaux d’alarme et d’agir lorsqu’il y a risque de mariage d’enfant constitue un élément essentiel de ce travail.
Les services de protection de l’enfance doivent être accessibles de différentes façons, notamment par l’entremise des établissements d’enseignement, des prestataires de soins de santé, des travailleurs et travailleuses communautaires et de la police. Collaborer avec les prestataires de services en vue de renforcer leurs capacités peut aider à garantir une intervention efficace en cas de mariage d’enfant dans la communauté.
Il convient d'accorder une attention particulière à la fourniture de services en période de conflit et de crise humanitaire, lorsque les filles sont davantage exposées aux violences sexuelles et fondées sur le genre, y compris le mariage d'enfants.
Sécurité économique
Les filles et les femmes ont également besoin de sécurité économique pour vivre une vie sûre, saine et autonome. Les mesures d’incitation économique, notamment les transferts d’argent conditionnels, peuvent encourager les familles à envisager des solutions autres que le mariage des enfants en atténuant leurs difficultés économiques et en leur permettant de considérer leur fille comme un membre estimé de la famille plutôt qu’un fardeau économique.
Les programmes d’émancipation économique comme la microfinance et les caisses villageoises d’épargne et de prêts peuvent aider les filles à subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille sans devoir se marier. De plus, veiller à ce que les filles soient en mesure d’acquérir des connaissances financières, d’ouvrir un compte bancaire et d’y avoir facilement accès (sans supervision masculine) peut les aider à économiser en toute sécurité et à acquérir une autonomie financière.