À mi-parcours de sa campagne pour mettre fin au mariage des enfants en Afrique, lancée en 2014 et dont la durée est de quatre ans, la Commission de l’Union africaine (UA) est en pleine évaluation pour faire le bilan des progrès accomplis, apprendre des défis affrontés et identifier les priorités pour les deux prochaines années. Il s’agit là d’une excellente occasion pour l’UA et tous ceux impliqués dans la campagne d’évaluer collectivement ce qui a fonctionné, ce qui doit être amélioré, et la direction que la campagne devrait prendre pour permettre à l’UA d’atteindre ses objectifs et permettre aux filles d’exploiter leur potentiel.
En tant que partenaire de la campagne, Filles, Pas Épouses a une contribution unique à apporter à ce processus. Notre secrétariat a largement consulté ses membres en Afrique, et a identifié des messages et des recommandations collectives et que nous avons partagés avec les représentants de la Commission de l’UA, des représentants gouvernementaux sélectionnés et des organisations partenaires lors d’un atelier d’évaluation de la campagne qui a eu lieu du 10 au 12 octobre 2016 à Lusaka, en Zambie.
Nous sommes reconnaissants envers les 80 membres qui ont pu contribuer à ce processus de consultation à travers le continent. Ce blog reflète vos recommandations et partage quelques réflexions issues des discussions qui ont eu lieu à Lusaka.
Quels sont les résultats de la campagne de l’UA pour mettre fin au mariage des enfants jusque-là ? L’opinion de nos membres sur les progrès et les défis
Nos membres ont reconnu que la campagne de l’UA a ouvert un espace de débat sur le mariage des enfants entre les dirigeants africains, qui a entraîné l’adoption d’une position africaine commune sur le mariage des enfants. La campagne a également réussi à mettre le mariage des enfants sur l’agenda de développement de nombreux États membres de l’UA, dont la plupart n’avaient auparavant pas développé de réponse nationale au mariage des enfants. Dix-neuf pays ont lancé la campagne à ce jour, et un nombre croissant de gouvernements élaborent des stratégies ou des plans d’action nationaux qui visent spécifiquement à mettre fin au mariage des enfants.
Si certains membres ont été impliqués à des degrés divers dans les lancements nationaux de la campagne, la plupart n’a pas connaissance de la mise en place d’activités post-lancement au niveau national. Une grande majorité des personnes interrogées estiment qu’elles ont des informations insuffisantes sur l’objectif de la campagne, les méthodes de travail et les plans de mise en œuvre après le lancement, et sont donc incapables d’y participer de façon significative.
Les recommandations des membres de Filles, Pas Épouses
Lorsqu’on leur a demandé de proposer des recommandations pour les deux prochaines années de la campagne de l’UA, les membres de Filles, Pas Épouses ont souligné l’importance d’amplifier l’élan créé et de garantir le passage de l’engagement des États membres de l’UA à l’action.
Les recommandations sur l’avenir de la campagne qui ont été le plus fréquemment soulevées par les membres de Filles, Pas Épouses et présentées durant l’atelier d’évaluation sont les suivantes :
- La Campagne de l’UA devrait assurer une intégration significative de la société civile et des jeunes en tant que partenaires égaux de la campagne aux niveaux régional et national. Nous croyons qu’une stratégie visant à intégrer la société civile dans la campagne sera essentielle pour la réalisation des objectifs ambitieux de la campagne.
- La Campagne de l’UA devrait fournir un cadre spécifique et stratégique aux États membres pour les guider dans la préparation, le lancement et la mise en œuvre de la campagne au niveau national. Cela peut être fait en documentant et en partageant les meilleures pratiques et les enseignements tirés de divers pays, et en fournissant une plateforme qui permette aux pays d’apprendre les uns des autres.
- La Campagne de l’UA devrait encourager les États membres à élaborer et à mettre en œuvre des stratégies nationales qui reflètent leurs engagements et obligations régionaux et mondiaux (de la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant et le Protocole de Maputo, à l’Agenda 2063 et les Objectifs de Développement Durable). Cela peut se faire à travers l’harmonisation des objectifs et des indicateurs, mais aussi les mécanismes de suivi et l’élaboration de rapports.
- La Campagne de l’UA doit assurer la cohérence entre ses propres travaux et les activités déployées par d’autres départements et initiatives de l’UA qui mettent l’accent sur les questions liées au mariage des enfants (tels que la santé, l’éducation, l’autonomisation des jeunes, etc.)
Et ensuite ?
Sur la base des discussions tenues à l’atelier et des commentaires reçus des États membres et partenaires, l’UA élaborera un rapport sur la situation du mariage des enfants en Afrique (à paraître en avril 2017) et développera son plan de travail pour 2017-2018. Les membres et le secrétariat de Filles, Pas Épouses sont engagés à travailler avec la campagne et à permettre aux organisations de la société civile de toute l’Afrique de faire avancer les objectifs de la campagne.
Nous croyons qu’il est possible de mettre fin au mariage des enfants en Afrique, mais seulement si nous – jeunes, communautés, organisations de la société civile, gouvernements, institutions régionales et internationales, et partenaires de développement – travaillons ensemble impulsé par un mouvement fort et cohérenté vers le changement.