Renforcer l'avenir : Le rôle de l'égalité des sexes dans l'élimination du mariage des enfants au Nigeria

Le projet de financement d'un mariage collectif de 100 orphelines dans l'État du Niger, au Nigeria, a suscité une vive controverse et une levée de boucliers.

L'objectif de ce plan, dirigé par Abdulmalik Sarkindaji, président de la chambre d'assemblée de l'État du Niger, était d'apporter un soutien aux orphelins qui avaient perdu leurs parents lors d'attaques violentes. Toutefois, il a fait l'objet de nombreuses critiques, car on craint que certaines des jeunes femmes concernées ne soient mineures et que les mariages n'aient été contraints par des incitations financières.

La ministre fédérale des affaires féminines, Uju Kennedy-Ohanenye, a vivement critiqué ce projet, soulevant des questions concernant l'âge et le consentement des jeunes filles concernées. Elle a demandé l'ouverture d'une enquête et déposé une demande d'injonction pour faire cesser les mariages. La ministre a insisté sur la nécessité de veiller à ce que les mariages respectent les normes légales et que les droits des jeunes filles soient protégés. Elle estime que les mariages de mineurs sont inacceptables et préconise l'autonomisation des filles par l'éducation et d'autres programmes de soutien plutôt que par le mariage précoce.

La situation du mariage des enfants au Nigeria

Ce cas met en lumière les défis plus larges que pose la lutte contre le mariage des enfants au Nigeria, où les facteurs culturels, religieux et économiques s'entremêlent pour limiter les options offertes à de nombreuses jeunes filles. Si les mariages de masse sont considérés par certains - et parfois par les filles elles-mêmes - comme une solution pratique à la pauvreté, ils vont à l'encontre des efforts déployés pour protéger les droits de l'enfant et promouvoir l'égalité des sexes.

Les mariages et unions d'enfants, précoces et forcés (CEFMU) sont à la fois une cause et un effet de l'inégalité entre les sexes. Ces dernières années, les efforts de sensibilisation ont permis de réaliser des progrès significatifs dans la promotion du report du mariage jusqu'à l'âge de 18 ans. Toutefois, une action plus rapide est encore nécessaire, car des millions de filles sont mariées avant l'âge de 18 ans dans le monde entier.

Lutter contre le mariage des enfants au Nigeria par des approches transformatrices en matière de genre

Filles Pas Epouses adopte une approche transformatrice du genre pour lutter contre les mariages et unions d'enfants, précoces et forcés (CEFMU) - nous savons que nous ne pouvons mettre fin aux mariages d'enfants que si nous nous attaquons aux causes profondes de l'inégalité entre les sexes. Cette approche vise à s'attaquer aux racines communes du mariage d'enfants et de l'inégalité entre les sexes, à transformer les normes sexospécifiques et à garantir aux filles un accès équitable à l'éducation, à la santé et à d'autres services. L'approche se concentre également sur l'autonomisation et la reconnaissance du rôle que jouent les filles en tant qu'actrices du changement, militantes et pionnières dans la lutte contre les pratiques discriminatoires telles que les mariages d'enfants, les mariages précoces et les mariages forcés.

Dans les communautés confrontées à l'insécurité et à un accès limité à la santé, à l'éducation et à d'autres services sociaux - en particulier pour les filles issues de milieux défavorisés qui sont les plus exposées au mariage d'enfants et à d'autres violations des droits - il est absolument nécessaire de créer des alternatives au mariage ou aux unions, qui continuent d'être considérés au mieux comme la moins mauvaise option, et au pire comme la seule option qui s'offre aux filles.

Comment faire en sorte que les filles aient des options et des alternatives au mariage des enfants ?

Pour que les filles aient le choix, il faut un dialogue critique avec le gouvernement nigérian afin que toutes les filles bénéficient d'une éducation gratuite pendant 12 ans, d'un accès à des services de santé adaptés aux adolescents, d'opportunités économiques, de lois et de politiques ainsi que d'un accès à la justice, conformément aux engagements pris par le gouvernement de protéger, de respecter et de mettre en œuvre l'égalité des droits entre les filles et les garçons.

Il faut s'engager à améliorer le statut et le bien-être des filles en préservant leurs droits à l'éducation, à la santé et aux opportunités économiques. Le mariage des enfants affecte gravement la santé physique et émotionnelle des filles, les expose à un risque accru de violence de la part d'un partenaire intime et compromet la réalisation de leurs droits économiques et de leurs projets de vie. Nous pensons qu'un changement transformateur peut se produire en l'espace d'une seule génération. En mettant fin au mariage des enfants, nous pouvons donner aux filles, aux garçons, aux femmes et aux hommes les moyens de réaliser leur plein potentiel, ce qui entraînera des transformations positives sans précédent au sein de leurs communautés. Ce qui contribue à la prospérité nationale, à la paix, au développement et à la sécurité.

Notre appel à l'action !

Le Secrétariat mondial de Girls Not Brides et ses organisations membres au Nigeria appellent le gouvernement du Nigeria à créer des opportunités pour les filles et les femmes en investissant dans :

1. une éducation gratuite de 12 ans pour tous
2. des services de santé sexuelle et reproductive adaptés aux adolescents
3. des lois et des politiques qui protègent, respectent et réalisent les droits des enfants et des adolescentes.
   

Les chefs traditionnels et religieux ont un rôle important à jouer dans la promotion de l'égalité entre les hommes et les femmes, notamment en ce qui concerne le droit des filles à être inscrites à l'école, à y rester et à terminer leurs études, ainsi qu'à choisir si elles veulent se marier, quand et avec qui. Les familles et les communautés ont également un rôle important à jouer pour favoriser un environnement dans lequel les femmes et les filles peuvent s'épanouir et réaliser leurs aspirations.

Il est important de noter que la lutte contre le mariage des enfants nécessite une approche holistique et sensible à la culture, qui prenne en compte les défis et les contextes uniques des différentes communautés, des États et des pays. La collaboration entre les différentes parties prenantes aux niveaux local, national et international est essentielle pour obtenir des résultats significatifs et durables.

Afin de remplir les obligations du Nigéria en vertu de la législation africaine et internationale sur les droits de l'homme, à savoir protéger, respecter et réaliser les droits égaux de tous les enfants, nous demandons instamment à tous les États du Nigéria de mettre en œuvre la loi sur les droits de l'enfant. Nous demandons instamment au gouvernement nigérian de collaborer avec les parties prenantes et les autorités concernées, y compris les chefs religieux et traditionnels, les communautés, les familles, les filles elles-mêmes et d'autres parties prenantes et personnes influentes pour :

• changer les normes sociales et les attitudes à l'égard du mariage des enfants ;
• combler les lacunes juridiques qui autorisent les mariages d'enfants ou prévoient des exceptions ;
• et promouvoir l'éducation pour tous les enfants, en particulier les filles, afin de leur donner les moyens d'acquérir des connaissances et des compétences ;

respecter l'engagement du Nigeria à atteindre l'objectif de développement durable 5.3, qui vise à éliminer les mariages d'enfants d'ici 2030.