Le pouvoir aux filles en Inde : Canaliser le pouvoir du gouvernement vers les filles

En Inde, plus d'un quart des filles sont mariées dans leur enfance. Pays tentaculaire à la population immense, il compte le plus grand nombre absolu de filles mariées avant l'âge de 18 ans - plus de 15 millions au total.

L'organisation membre de Filles, Pas Epouses Pratigya - du nom du mot hindi signifiant "promesse" - travaille depuis 14 ans dans l'État oriental de Jharkhand. La région est célèbre pour la beauté de ses paysages, la capitale Ranchi étant communément appelée "la ville des chutes d'eau".

Bien que vivant dans un cadre magnifique, les filles et leurs familles à Jharkhand sont confrontées à des circonstances difficiles et à des obstacles à leurs droits et à leur liberté en raison de la pauvreté et du manque d'opportunités.

"Nous travaillons dans deux grandes parties de l'État avec les communautés tribales et les familles vivant dans les bidonvilles", nous dit Ajay Kumar, secrétaire et cofondateur de Pratigya. "Ils sont confrontés à de nombreux problèmes, dont le mariage des enfants, qui peuvent être liés à de nombreuses difficultés différentes. Nous travaillons en étroite collaboration avec la communauté pour les résoudre en fonction des différents contextes."

Pratigya est une organisation de base qui se concentre sur les droits de l'enfant et l'autonomisation des enfants pour qu'ils puissent diriger. L'organisation a lancé sa campagne Le pouvoir aux filles, qui vise à mettre fin au mariage des enfants, en août 2021, avec le soutien du secrétariat de Filles, Pas Epouses pour mener à bien sa campagne au niveau national.

"Cette campagne nous a donné l'occasion de créer un élan contre cette pratique", explique Ajay. "Notre objectif est de rassembler les personnes influentes, comme les responsables gouvernementaux, les éducateurs, les médecins, les chefs religieux, les parents... tout le monde ensemble ! Et de les aligner sur un seul message - que le mariage des enfants doit cesser."

Ajay et l'équipe de Pratigya travaillent avec les communautés, les jeunes et les personnes influentes pour atteindre leurs objectifs. Il nous dit que la campagne "sera soutenue lorsque chaque membre de la communauté se reconnaîtra comme un leader dans le mouvement pour mettre fin au mariage des enfants."

L'une des méthodes les plus efficaces utilisées par Pratigya pour faire passer le message de sa campagne consiste à s'associer à des fonctionnaires du gouvernement pour toucher le plus grand nombre de personnes possible.

"Lorsque nous avons commencé à travailler avec les représentants du gouvernement sur cette campagne, nous avons constaté que la plupart des ministères n'avaient pas le mariage des enfants à l'ordre du jour dans leurs cadres.

"Les infrastructures et les ressources gouvernementales sont disponibles dans chaque village de l'État. Nous pouvons utiliser ces canaux pour atteindre tout le monde, même les habitants des villages les plus reculés. Cela nous aide à créer un impact plus profond avec les communautés."

Jusqu'à présent, dans le cadre de sa campagne en cours, Pratigya a recueilli plus de 4 000 engagements en faveur de la fin du mariage des enfants, y compris le soutien de ministres et de représentants du gouvernement, ainsi que de personnes de la communauté elle-même.

"Travailler en étroite collaboration avec le gouvernement facilite notre travail au niveau communautaire. Nous ne pouvons pas mettre fin au mariage des enfants sans impliquer les jeunes, et la plupart des idées pour notre campagne sont venues de jeunes qui ont obtenu un diplôme d'enseignement supérieur après avoir participé au programme de compétences de vie de Pratigya dans leur enfance."

Ajay et Pratigya sont convaincus que le soutien aux enfants et aux jeunes pour qu'ils deviennent des acteurs du changement est la clé pour mettre fin au mariage des enfants.

"L'un des plus gros problèmes que nous rencontrons est de communiquer avec les adolescents sur la question du mariage des enfants."

Dans le Jharkhand, il existe une pratique coutumière appelée mariage "Dhuku", dans laquelle une fille et un garçon s'engagent dans une pratique informelle de "cohabitation". Ajay a prévenu que, dans la plupart des cas, cette coutume conduit à une grossesse précoce et à un mariage d'enfants.

"Lorsque nous faisons participer les enfants et les jeunes à nos programmes, ils peuvent être des amplificateurs majeurs du message de la campagne. Les jeunes sont énergiques et désireux de travailler sur des questions sociales. Ils peuvent servir d'agents de sensibilisation pour leur famille et leur communauté. Si nous partageons correctement les informations avec eux, ils peuvent avoir un impact majeur dans la société."

L'organisation a déjà touché un large public avec cette campagne et elle prévoit de continuer à travailler main dans la main avec les jeunes, les parents, les communautés et les responsables gouvernementaux pour faire passer son message.

"Nous avons rencontré la ministre d'État chargée du département des femmes, du développement de l'enfant et de la sécurité sociale, qui s'est engagée à mettre en place un vaste programme permettant aux fonctionnaires de tout l'État de se familiariser avec la loi sur l'interdiction du mariage des enfants. Cette loi ne devrait pas seulement être sur le papier, elle devrait être en action, et nous allons donner suite à cette promesse."

Ajay ajoute que "Pratigya a toujours considéré chaque enfant comme important. Nous pouvons tous jouer un rôle important pour mettre fin à cette pratique. Avec l'implication de chaque département gouvernemental, de chaque influenceur, de la communauté, des parents et des jeunes - je sais que la fin du mariage des enfants est possible."