Ordre du jour pour l’année à venir : trois points à retenir de l’AGNU75
Photo: Patrick Gruban
La 75 e session de l’Assemblée générale des Nations unies (AGNU) était bien différente cette année, la majorité des événements et des rencontres ayant lieu en ligne. Ce format virtuel n’a toutefois pas empêché les leaders du monde de discuter des grands enjeux mondiaux (parmi lesquels le racisme, l’intolérance, les inégalités, les changements climatiques, la pauvreté, la faim et les conflits armés), des secteurs nécessitant
La 75e session de l’Assemblée générale des Nations unies (AGNU) était bien différente cette année, la majorité des événements et des rencontres ayant lieu en ligne. Ce format virtuel n’a toutefois pas empêché les leaders du monde de discuter des grands enjeux mondiaux (parmi lesquels le racisme, l’intolérance, les inégalités, les changements climatiques, la pauvreté, la faim et les conflits armés), des secteurs nécessitant une action immédiate et des meilleurs moyens de collaborer pour régler ces problèmes.
Si la pandémie de COVID-19 était au cœur des discussions, l’AGNU75 fut également une occasion privilégiée de marquer le début de la « Décennie d’action » vers la réalisation des Objectifs de développement durable – en effet, il ne reste plus que 10 ans pour atteindre les cibles de 2030 – et d’organiser des sommets clés sur les changements climatiques et l’égalité des genres.
Que laisse présager l’AGNU75 en ce qui concerne les priorités de la communauté internationale en 2021 ?
Lors des deux semaines d’ouverture de l’AGNU75, nous avons participé à un large éventail d’événements et de discussions de manière à avoir une idée de l’ordre du jour mondial du développement en 2021 et de la place du mariage des enfants. Voici nos trois principaux points à retenir :
1. La question du mariage des enfants a suscité un intérêt au plus haut niveau, mais la société civile doit continuer de faire pression sur les gouvernements pour qu’elle reste à l’ordre du jour.
À notre plus grande satisfaction, les gouvernements, les organisations multilatérales et la société civile ont souligné à quel point le mariage des enfants est préoccupant et constitue un obstacle majeur à la pleine réalisation des droits des filles.
Ce point a été renforcé lors d’un événement de haut niveau intitulé « Les mariages d’enfants, précoces et forcés et la pandémie de COVID-19 » organisé par les gouvernements du Canada et de la Zambie, en collaboration avec le FNUAP et l’UNICEF. Faith Mwangi-Powell, la directrice générale de Filles, Pas Epouses, s’est jointe à des représentant·e·s de gouvernements, à de jeunes activistes et à des organisations de la société civile (OSC) pour discuter des impacts catastrophiques de la COVID-19 sur le mariage des enfants.
« Des filles plus jeunes que moi sont mariées et dépouillées de leurs droits » Sandhya Saroj, jeune activiste de l’Inde
Lors de l’événement, D
re
Mwangi-Powell a prononcé un discours sur l’importance d’appuyer les OSC qui travaillent avec les filles et les communautés touchées par le mariage des enfants dans le contexte de pandémie.
Quelles sont les implications pour le mouvement contre le mariage des enfants au cours de la prochaine année ?
La question du mariage des enfants a suscité un intérêt dans les plus hautes sphères lors de l’AGNU75. Nous espérons que cet intérêt se traduira en volonté politique et incitera les gouvernements et l’ONU à investir des ressources pour régler le problème. Cependant, la société civile doit absolument maintenir la pression sur les États – les gouvernements déjà ralliés à la cause, tout comme ceux qui restent à convaincre – pour veiller à ce que le mariage des enfants demeure à l’ordre du jour.
2. L’égalité des genres sera un secteur d’intervention privilégié de la communauté internationale au cours de la prochaine année
Cette année marque le 25e anniversaire de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes et du Programme d’action de Beijing. Aussi, l’AGNU75 comprenait une réunion de haut niveau consacrée à l’égalité des genres et à l’émancipation des femmes et des filles.
Cette réunion devait initialement s’inscrire dans une série d’événements destinés à commémorer l’occasion tout au long de 2020. Certains de ces événements ont toutefois été reportés à l’année prochaine en raison de la pandémie. Nous vous conseillons donc de rester au fait de la campagne Génération Égalité et de ses moments clés pour cibler vos efforts de plaidoyer au cours des prochains mois. vous pouvez également vous référer à notre note d'information sur le mariage des enfants et l'égalité des genres dans votre travail.
Le secrétaire général de l’ONU et la directrice exécutive d’ONU Femmes figurent parmi un ensemble d’intervenants de haut niveau ayant souligné l’importance d’agir à l’égard de la violence basée sur le genre dans le cadre de la campagne Génération Égalité.
« Une femme sur trois a vécu une forme de violence dans sa vie. Chaque année, 12 millions de filles sont mariées avant l’âge de 18 ans. » António Guterres, secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies
En collaboration avec la coalition Plan d’investissement pour les adolescentes (Adolescent Girls Investment Plan), Filles, Pas Epouses a organisé deux événements pendant les semaines d’ouverture de l’AGNU75. On a ainsi souligné l’importance de définir les mesures à prendre relativement aux questions qui touchent les filles (notamment le mariage des enfants) et de placer les voix des adolescentes au cœur de la campagne Génération Égalité.
« Si l’on veut atteindre la justice économique, les filles et les jeunes doivent être consultés pour que l’on comprenne nos besoins et nos priorités et pour veiller à ce que notre intérêt supérieur soit pris en compte, comme le recommande la Convention des droits. » María José Yac García, Las Niñas Lideran, Guatemala, 17 ans
Quelles sont les implications pour le mouvement contre le mariage des enfants au cours de la prochaine année ?
Puisque la campagne Génération Égalité se poursuivra en 2021, l’égalité des genres sera une grande priorité du monde du développement international au cours de la prochaine année. Il s’agit d’une excellente occasion de rappeler aux leaders mondiaux et aux gouvernements l’importance d’agir à l’égard du genre et du mariage des enfants, de concentrer leurs efforts sur les adolescentes et de rendre des comptes au-delà de 2021.
3. Dans l’immédiat, la COVID-19 sera la priorité absolue des gouvernements et des bailleurs de fonds
L’impact de la COVID-19 dans le monde et ses répercussions sur toutes les sphères de la vie furent un thème central tout au long de l’AGNU.
Selon le FNUAP, 13 millions de filles supplémentaires pourraient être forcées de se marier d’ici 2030 en raison de la COVID-19 et des restrictions connexes. Pour plus d’informations concernant l’impact de la pandémie sur les adolescentes, veuillez consulter notre note d’information consacrée à cette question.
Chez Filles, Pas Epouses, nous avons utilisé nos plateformes pendant l’AGNU75 pour appeler les gouvernements et les bailleurs de fonds à fournir un soutien et un financement souple aux organisations de la société civile qui travaillent avec les filles et leurs communautés dans le contexte de crise actuel.
Quelles sont les implications pour le mouvement contre le mariage des enfants au cours de la prochaine année ?
Dans l’immédiat, la COVID-19 sera la priorité absolue des gouvernements et des bailleurs de fonds. La société civile devra trouver un moyen de veiller à ce que les plans d’intervention internationaux et nationaux tiennent compte de l’ensemble des droits et des besoins des adolescentes afin de prévenir une augmentation rapide des taux de mariages d’enfants.
Quels ont été les autres sujets de l’AGNU75 ?
Parmi les autres sujets dominants des semaines d’ouverture de l’AGNU75, on compte l’éducation des filles, les changements climatiques et les crises humanitaires. Ces questions de développement devraient rester tout aussi prioritaires en 2021 et rivaliser pour l’obtention de financements internationaux et nationaux, de ressources et d’attention politique. Chez Filles, Pas Epouses, nous continuerons de partager des enseignements et des recommandations visant à intégrer des interventions à l’égard du mariage des enfants dans ces domaines.