Le mariage des enfants a pour cause profonde les normes sociales genrées et l’inégalité des relations hommes-femmes. Le problème est exacerbé par la pauvreté, le manque d’éducation et l’insécurité sociale et économique. Notre théorie du changement insiste sur l’importance d’adopter une approche globale qui promeut l’égalité des genres et remédie aux normes de genre inégalitaires de diverses façons : la promotion des droits et du leadership des filles, la mobilisation des familles et des communautés, l’offre de services et l’élaboration et la mise en œuvre de lois et de politiques. Au sein de cette approche globale, la protection de l’enfance – et en particulier les programmes de transferts monétaires – peut contribuer à atténuer certains facteurs économiques et sociaux du mariage des enfants, et ce à la fois dans les contextes humanitaires et de développement.
Messages clés :
- Les programmes de transferts monétaires doivent être sensibles et adaptés aux pratiques et causes du mariage des enfants propres à chaque contexte. La réduction du risque de mariage d’enfant doit également en constituer un objectif explicite.
- Pour atteindre les filles vulnérables au mariage des enfants, les programmes de transferts monétaires doivent couvrir les communautés à forte prévalence et comprendre une desserte et des critères d’admissibilité inclusifs.
- L’approche la plus efficace pourrait être la combinaison de transferts monétaires sans condition et de transferts assortis de conditions (ou de suggestions) liées à l’éducation, parallèlement à des investissements complémentaires dans l’éducation et d’autres services sociaux. Les transferts monétaires assortis de conditions liées à l’éducation doivent tenir compte de l’enseignement extrascolaire et de la formation professionnelle et soutenir l’accès plutôt que de punir la non-conformité.
- En ce qui concerne les programmes à grande échelle, les transferts d’espèces sont plus efficaces que ceux en nature et permettent de soutenir les priorités de dépenses et d’investissement propres à chaque fille et sa famille. Le montant et la fréquence des paiements dépendent des objectifs du programme, lesquels doivent être adaptés aux causes du mariage des enfants dans un contexte donné.
- Il convient de réaliser une analyse de genre pour cerner et minimiser les normes sociales genrées qui encouragent le mariage des enfants, ainsi que les effets potentiellement négatifs des transferts monétaires sur la violence à l’égard des filles et des femmes, la répartition inégale des tâches domestiques et le risque de contribuer au financement de la dot et de favoriser le mariage précoce.
- Les programmes de transferts monétaires doivent encourager la participation active des filles et soutenir leurs besoins holistiques (à savoir, l’ensemble de leurs besoins interconnectés) de manière à faciliter leur transition vers l’âge adulte. Ils doivent être liés à des stratégies, lois et politiques nationales pour l’élimination du mariage des enfants et à d’autres services et programmes sociaux et économiques.