Symposium: État des savoirs et suite des choses : tracer la voie à suivre pour remédier aux conséquences du mariage des enfants sur la santé mentale
Un symposium hybride en personne et en ligne sur le mariage des enfants et la santé mentale, organisé par l'UCL en collaboration avec le CRANK.
Les détails:
Le premier événement du Réseau recherche-action sur le mariage des enfants (CRANK) de 2024 était un symposium sur le mariage des enfants et la santé mentale organisé par le Réseau mondial sur la santé mentale et le mariage des enfants de l’University College London (UCL), en collaboration avec le CRANK. Il s’agit d’un événement hybride en personne (au UCL de Londres) et en ligne (sur Zoom).
Nous savons que les troubles de santé mentale, comme les troubles anxieux ou dépressifs, figurent parmi les principales causes de la charge de morbidité chez les jeunes. Nous savons également que les approches qui s'adressent à la fois aux filles et aux garçons sont les plus efficaces pour réduire la violence fondée sur le genre.
Toutefois, très peu d’études ont examiné les conséquences du mariage des enfants sur la santé mentale et, selon les rares données disponibles, peu de programmes portent expressément sur les besoins en matière de santé mentale des filles et des femmes mariées avant l’âge de 18 ans.
Ce symposium d’une demi-journée était l’occasion de rassembler des chercheur·se·s, des professionnel·le·s, des responsables politiques et des bailleurs de fonds afin d’examiner les conséquences attestées du mariage des enfants sur la santé mentale et les moyens éprouvés de soutenir les filles mariées ou ayant déjà été mariées.
Les ressources de cette séance (enregistrements, présentations, principaux enseignements tirés et boîte à outils pour les réseaux sociaux) sont disponibles ci-dessous. Nous vous invitons à les utiliser lors de la Journée mondiale de la santé le 7 avril.
Principaux enseignements tirés:
- Les faits le montrent : les filles et les femmes ayant subi un mariage pendant l’enfance sont plus susceptibles de souffrir d’un éventail de problèmes mentaux (mauvaise estime de soi, anxiété, dépression, pensées suicidaires et autres) et les services d’aide sont limités et dotés de ressources insuffisantes. En raison du contrôle exercé sur leurs déplacements et de la stigmatisation associée à la santé mentale, les filles mariées n’ont pas accès aux services et au soutien dont elles ont besoin. Plus une fille se marie jeune, plus l’impact est grand, et les conséquences peuvent être aggravées par l’expérience de violences sexuelles, les grossesses non désirées (lesquelles peuvent quintupler l’acuité des troubles mentaux), le divorce/la séparation/la mort de l’époux et les conflits ou les crises. Nous avons besoin d’interventions ciblées sur le terrain et d’un soutien additionnel pour les filles mariées ou ayant déjà été mariées.
- Le contexte est complexe et il importe d’en tenir compte. Les mesures doivent dont être nuancées et adaptées aux situations individuelles et interpersonnelles (selon l’âge, le statut matrimonial, le type de mariage, le revenu de la famille et du partenaire) et au contexte communautaire (selon l’emplacement géographique, les normes sociales, les inégalités de genre et l’existence d’un conflit ou d’une crise). Les conversations communautaires (p. ex., par l’entremise de feuilletons radiophoniques) peuvent favoriser une meilleure compréhension du lien entre le mariage des enfants et les normes et les difficultés socioéconomiques. Les gouvernements, bailleurs de fonds, professionnel·le·s et chercheur·se·s doivent examiner les tendances en matière de besoins et d’interventions dans différents contextes et recueillir de données ventilées.
- Les recherches et les programmes doivent contenir un volet de soutien de santé mentale financé. Ce volet doit être caractérisé par des actions réactives et des aiguillages vers les services appropriés. Les recherches et les programmes à long terme, participatifs et informés sur les traumatismes peuvent servir d’intervention de santé mentale en soi, surtout s’ils sont combinés à des approches fondées sur les arts et centrées sur les filles. Les espaces sûrs, les « cercles d’écoute » est les espaces de partage de connaissances entre pairs peuvent réduire le sentiment d’isolement des filles mariées ou ayant déjà été mariées et leur permettre de rencontrer des adultes bienveillant·e·s. Les groupes de psychothérapie/de soutien psychosocial ou les espaces sûrs représentent un moyen économique de repérer des cas et de fournir un certain soutien immédiat. Une telle approche pourrait être combinée à un soutien au niveau individuel (p. ex., au moyen d’un service d’assistance téléphonique). Les interventions doivent être adaptées à la santé mentale et à la situation des mères et combinées à un soutien pratique (p. ex., la garde d’enfants, les transports) pour faciliter la participation.
- Le soutien individuel doit s’accompagner d’un travail auprès des familles et des communautés de manière à favoriser la compréhension et la constitution d’un écosystème plus soucieux du bien-être des filles. Les personnes qui prennent les décisions concernant le mariage et la vie des filles mariées (l’entourage plus âgé, les leaders communautaires, les partenaires, la belle-famille) doivent être associées aux recherches et aux programmes. Il existe sans doute déjà des filles qui se tournent vers les structures de soutien communautaires existantes, notamment les leaders communautaires et les femmes ayant subi un mariage pendant l’enfance. Aussi, le soutien de ces personnes grâce au mentorat par les pairs ou des initiatives d’apprentissage peut profiter aux filles. Les filles, les familles et les communautés doivent voir de réelles alternatives au mariage, notamment des emplois sûrs et bien rémunérés, et ce surtout dans les contextes où le mariage est considéré comme une mesure de protection, comme les situations de conflit et de crise.
- Les interventions à l’égard du mariage des enfants et de la santé mentale doivent être liées aux structures, services, programmes et réseaux existants dans différents secteurs (y compris les initiatives des communautés) afin de fournir un soutien durable et de qualité aux filles mariées ou ayant déjà été mariées. Les filles et les femmes fréquentent et connaissent déjà les prestataires de services (les agent·e·s de santé communautaire, les enseignant·e·s, la police) et les services (soins prénatals, vaccination des enfants, interventions relatives au VIH/sida) de confiance et ceux-ci peuvent servir de point d’entrée au travail à l’égard du mariage des enfants et de la santé mentale. Il pourrait s’agir d’amener les prestataires de services à examiner leurs propres croyances et rôles pour remédier au mariage des enfants et de les former à repérer, soutenir et aiguiller les cas de troubles mentaux. Les points de service unique pour la santé, l’aide juridique, le soutien psychosocial et les aiguillages peuvent être efficaces (comme la mobilité des filles mariées ou ayant déjà été mariées est souvent limitée), mais ils doivent être adaptés aux besoins de ces dernières.
- On peut élargir la portée des programmes pilotes et des programmes à petite échelle en s’assurant la coopération des responsables politiques dès le début et en associant ces programmes aux politiques et systèmes au niveau national. Dès le début, les militant·e·s, les professionnel·le·s et les chercheur·se·s doivent obtenir le concours des responsables politiques et des décideur·se·s – ainsi que des filles, des communautés et des prestataires de services – afin que tout le monde soit d’accord sur la nécessité d’agir d’urgence. En diffusant continuellement des preuves de ce qui fonctionne, surtout si les résultats sont liés à l’éducation et/ou à la santé des filles, on renforce l’adhésion au projet et on encourage l’action – de l’adoption et de la mise en œuvre de lois à l’élargissement de la portée des politiques et programmes. Ces démarches peuvent être renforcées par l’adoption d’un protocole d’accord avec le gouvernement, la formulation de recommandations en matière de santé mentale à l’intention des établissements de santé publique et la couverture maladie universelle.
- Il faut recueillir plus d’éléments factuels et nous pouvons tous et toutes contribuer en incluant un volet de recherche dans tous les investissements et les programmes. Nous avons besoin d’un plus grand nombre d’études longitudinales, de projets pilotes avec des filles mariées et d’évaluations des programmes et des politiques pour divers contextes et types de mariage. Les chercheur·se·s et les professionnel·le·s pourraient créer des outils d’évaluation à l’intention des organisations de la société civile et des organisations communautaires pour contribuer à élargir la portée de leur travail. Les chercheur·se·s pourraient étudier les cas de déviance positive (lorsque des familles dans des situations en apparence semblables prennent des décisions différentes au sujet du mariage) et l’impact de la situation économique de la famille ou du partenaire. Les indicateurs de succès, à court comme à long terme, doivent être clairement définis et adaptés au contexte.
Le symposium portait sur :
- Ce que nous savons : les données probantes et les liens entre la santé mentale et le mariage des enfants.
- Ce qui fonctionne : des études de cas et des réflexions de recherche sur les programmes actuels et potentiels ciblant les filles et les adolescentes mariées, en couple, enceintes ou élevant des enfants.
- Ce qu’il faut faire : les priorités politiques et pratiques, dont des directives unifiées à l’appui de l’élaboration et de la mise en œuvre de programmes. Une attention particulière sera accordée à la question des traumatismes.
Les personnes oratrices étaient:
- Ololade Julius Baruwa – Adolescent Accelerator Hub du GCRF, Université du Cap, Afrique du Sud, focalisé sur Lesotho, Namibia et Zimbabwe
- Farirai Gumbonzvanda – Projet March-Zim, Zimbabwe
- Kimberly Howe – Université Tufts, focalisé sur le nord le l'Irak
- Nicola Jones – GAGE, Éthiopia et Jordanie
- Olubukola Omobowale – Projet ENCASE, Nigeria
- Christina Mallie – Colours of Connection, République démocratique du Congo
- Sam Muhumuza – Windle International, Ouganda
- Abu Naser – UNFPA, Bangladesh
- Prabhleen Tuteja – Fondation YP, Uttar Pradesh, India
- Christina Pallito, Organisation mondiale de la Santé
- Loveness Mudzuru, Rozaria Memorial Trust, Zimbabwe
Nous espérons que vous serez des nôtres pour discuter de cet important sujet !
Téléchargements
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