Cette réunion de recherche du CRANK s'appuyait sur le récent travail de Filles, Pas Epouses et du Groupe de travail sur les mariages et unions d’enfants, précoces et forcés et la sexualité. Elle était l’occasion de :
- Examiner les implications de récentes données mondiales pour la recherche, les programmes et les politiques.
- Examiner comment les données et les conséquences à tirer dépendent du contexte, au moyen d’exemples du Malawi, d’Ouganda et de Zambie.
- Écouter des chercheur·se·s et professionnel·le·s présenter les plus récentes recherches sur le mariage des enfants.
Les ressources de cette réunion (enregistrements, présentations, principaux enseignements tirés et notes) sont disponibles ci-dessous. Nous espérons qu’elles seront utiles à votre travail !
Points principaux
- Une réforme juridique peut être le signe d’un engagement de haut niveau à l’égard du mariage des enfants et servir de point de départ à des investissements dans des domaines connexes. Cependant, il arrive que l’on se fie trop aux lois pour provoquer des changements sociaux. Il est souvent ardu de faire connaître, de mettre en œuvre et d’évaluer les lois, surtout lorsque les lois, les normes et les pratiques liées au mariage des enfants sont contradictoires. De plus, les autorités peuvent s’imaginer qu’en adoptant des approches punitives, elles n’ont pas à investir dans des changements structurels et dans le bien-être des filles (p. ex., dans les domaines de la santé et de l’éducation) et ainsi créer des possibilités autres que le mariage des enfants.
- L’adoption ou la modification des lois a des effets mitigés. Souvent, ces réformes entraînent des conséquences positives à court terme qui ne s’appliquent qu’à un sous-ensemble de la population tout en risquant d’entraîner des conséquences négatives pour les filles dépourvues d’alternatives au mariage. Parmi ces conséquences négatives, on compte la criminalisation et la stigmatisation des adolescentes et des groupes marginalisés, une augmentation du nombre d’unions libres et une restriction accrue de l’accès des adolescentes à d’autres systèmes de protection comme la justice, le soutien social et la santé et les droits sexuels et reproductifs (SDSR).
- On doit tenir compte des capacités évolutives[1] des adolescent·e·s et intégrer ce concept aux lois nationales et internationales sur le mariage et la sexualité. Ces lois doivent être fondées sur les droits, promouvoir l’égalité des genres, être intersectorielles et tenir compte des différents facteurs identitaires qui exposent les filles à des risques et restreignent leurs choix (p. ex., l’âge, le genre, la classe sociale, l’ethnie, la caste, le lieu de résidence et la citoyenneté). Les lois doivent tenir compte à la fois des capacités évolutives et de l’âge de manière à équilibrer d’un côté la protection contre l’exploitation et la maltraitance et, de l’autre, la promotion de l’autonomie et de la capacité d’action. La loi ne doit pas amalgamer le consentement sexuel et le mariage.
- Les lois, les politiques et les services qui se concentrent uniquement sur l’âge de mariage ou de consentement sexuel ne sont pas aussi efficaces que ceux qui sont exhaustifs et interreliés. Par exemple, l’adoption conjointe de lois sur le mariage des enfants et de politiques de gratuité scolaire au niveau secondaire pourrait réduire le risque de mariage avant l’âge de 15 ans de 55 %[2]. De telles combinaisons de politiques peuvent remédier aux facteurs structurels du mariage des enfants, créer des alternatives au mariage, influer sur le processus décisionnel des adolescent·e·s et des familles et élargir l’accès à des services respectueux de l’égalité des genres, notamment dans les domaines de l’éducation, de l’éradication de la pauvreté, de la protection sociale, des possibilités économiques, de la SDSR et de la violence basée sur le genre.
- Nous devons adopter des approches multisectorielles pour susciter et maintenir la volonté politique ainsi que les capacités techniques permettant de remédier au mariage des enfants et de protéger les droits des filles à grande échelle. Cela signifie qu’il faut promouvoir une collaboration délibérée et coordonnée entre les ministères publics, les organismes internationaux, les leaders communautaires et les organisations de la société civile ; élaborer des stratégies claires ; et identifier les personnes responsables de la mise en œuvre de ces stratégies, les former et leur fournir des ressources financières.
- Les lois doivent être adaptées au contexte et faire l’objet d’une évaluation régulière pour : vérifier si elles produisent les effets escomptés ; identifier les interventions et combinaisons d’interventions les plus efficaces ; et veiller à ce que le système juridique aide les personnes qui en ont besoin. Les filles et les adolescentes – y compris celles en couple et celles forcées de se marier – doivent participer à la collecte des données, aux efforts de plaidoyer et à la création et à la mise en œuvre de lois afin que celles-ci soient adaptées à leurs réalités et à leurs besoins. Les études à méthodes mixtes peuvent constituer un moyen efficace de collecter des données qualitatives là où les données se font rares. Les chercheur·se·s, les professionnel·le·s et les militant·e·s peuvent également collaborer avec différents mouvements – défense des femmes et des filles contre la violence, féminisme, VIH, SDSR et avortement – pour en apprendre davantage sur le rôle de la loi et ses limites (surtout en ce qui concerne les approches punitives) et sur les droits et la capacité d’action des adolescentes.
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